Le Yémen serait-il en passe de devenir un nouvel Afghanistan ? Ali Abdallah Saleh, 67 ans, le président yéménite, qui est sur les starting-blocks pour la prochaine présidentielle, se donne quelques semaines pour «nettoyer» le pays des rebelles chiites d'Al Houthi qui ont rejeté son offre de paix. «Nous éradiquerons le cancer avec une résolution forte et déterminée», dit-il. Abou Bakr al-Kourbi, son ministre des Affaires étrangères, exclut toute médiation externe. «Le gouvernement a proposé un plan en six points pour arrêter la guerre (...) et si ces groupes les acceptent, on n'a pas besoin d'une médiation extérieure», dit-il accusant les rebelles de ne jamais avoir respecté un accord de cessez-le-feu, y compris celui conclu en 2008 grâce à une médiation du Qatar. Abdul-Malik al-Houthi, le chef des rebelles, qui ferraille pour le pouvoir et le rétablissement de l'imamat zaïdite, évincé en 1962, sur tout le pays, du moins sur le «triangle de la mort» (trois provinces voisines de l'Arabie saoudite «prises» par les extrémistes), fait la sourde oreille. Depuis mardi, c'est l'escalade: Sanaa est passée à l'offensive. Le chef de la rébellion y dénonce «un crime qui annihile des civils». Le Yémen, un pays classé 138e par les Nations unies pour son développement humain (IDH), serait-il en passe de devenir avec «ses plus de 130 000 déplacés et des milliers de morts depuis 2004» un nouvel Afghanistan dans la péninsule arabe ? Cette crainte est partagée par Aden qui accuse Téhéran de soutenir le mouvement d'Al-Houthi tant financièrement que militairement et par plusieurs analystes. L'Arabie Saoudite qui sait qu'elle est dans le collimateur d'Al Qaida, redoute comme toutes les monarchies sunnites du Golfe une instabilité à son flanc sud. Elle soutiendrait l'armée yéménite contre la rébellion d'Al-Houthi : son aviation militaire aurait joué un rôle déterminant dans la dernière bataille de Saada, au nord du pays.