La laiterie Soummam sise à Akbou, un des acteurs majeurs de la filière lait en Algérie, compte ne plus importer de lait en poudre pour ses besoins dans deux ans au maximum. C'est ce qu'a déclaré Lounis Hamitouche, patron de ce complexe laitier, qui a innové en mettant en place une stratégie de promotion du produit local par le biais d'une formule de partenariat direct avec les éleveurs de 14 wilayas du pays. Cette stratégie, mise en place en octobre 2009, a permis à l'usine d'intégrer « 40% de lait cru collecté dans la fabrication des principaux produits ». « Les gens ont des idées, mais pas d'argent », constate M. Hamitouche, ce qui « nous a poussés à devenir leur propre banquier », explique-t-il. L'entreprise finance l'importation des génisses - 5590 déjà distribuées - qui deviennent la propriété des éleveurs à l'issue d'une période de cinq ans. « On leur fournit du matériel de collecte et de traite, des produits d'hygiène, de l'aliment de bétail ... En contrepartie, ces derniers alimentent l'unité en lait cru. Soummam a, également, mis à la disposition de chacun de ses partenaires un groupe électrogène à titre gracieux, ajoute M. Hamitouche. Le pari est risqué pour l'usine, mais ses responsables vont plus loin, ils avancent les subventions (15 DA par litre pour l'éleveur et 5 DA pour le collecteur) que l'Etat octroie, en guise d'encouragement à la promotion de la filière lait, quitte à les récupérer ensuite auprès de l'Office nationale du Lait (ONIL) chargé par l'Etat de cette mission. Le recouvrement « ne devait pas dépasser les trois mois, mais depuis janvier 2012, l'Onil ne répond plus à ses engagements vis-à-vis de la laiterie laissant une ardoise de 300 milliards ». Ce blocage « nous a contraints à suspendre la poursuite du programme d'importation de génisses (12.000 prévus). Il « va freiner, du coup, notre ambitieux programme de substitution de lait cru », déplore-t-il Un réseau de 4 000 éleveurs équipé et financé directement par le producteur L'ambition de Soummam était double, « réduire progressivement la facture à l'import en matière de lait et fournir aussi des produits de qualité aux familles algériennes », à travers l'incorporation du lait cru. La question des coûts du produit fini « ne nous inquiète pas, car le véritable problème pour nous, c'est le risque de ne pas trouver, demain, du lait en poudre (qui passe à 6 000 dollars la tonne actuellement), vu les sécheresses qui sévissent dans les pays producteurs », ajoute M. Hamitouche. D'où l'idée d'encourager cette expérience et préserver l'activité, également, des 4 000 éleveurs, des partenaires qui lui fournissent aujourd'hui, 500.000 litres jour. Grâce à leur concours, le niveau de collecte de lait cru est passé de 20 millions de litres en 2010 à 120 millions en 2012, selon les chiffres fournis par le directeur de la collecte, M. Seddiki. La laiterie, qui fête ses vingt ans, a été créée en 1993. Elle occupe, depuis 2006, une place de leader dans le secteur de l'agroalimentaire en Algérie, plus particulièrement dans le segment des produits lactés. Elle a démarré avec la production de 60.000 pots/jour et un effectif de 20 personnes. Aujourd'hui, elle dispose de 32 centres de collecte, emploie 1.180 salariés et sa production atteint 8 millions de pots avec une gamme riche de 36 références. Elle a réussi récemment à placer 10 % de sa production sur le marché libyen.