La ministre a qualifié ce geste « de grande noblesse et de haut fait de culture et d'Histoire » parce que c'est un soutien à la culture et à la recherche scientifique sur l'Histoire des idées et celle de notre pays, sur la médecine et la pratique de la psychiatrie en période coloniale. Cette initiative, a-t-elle ajouté, est une poursuite de l'engagement de Frantz Fanon en faveur de l'émancipation des peuples, et du sien, en particulier. Mme Toumi a affirmé, en outre, que « nous avons entrepris depuis des mois des démarches auprès du ministère de la Santé, la wilaya de Blida et des responsables de l'hôpital psychiatrique de cette ville, à l'effet d'ériger les endroits fréquentés par Fanon, comme lieu de mémoire consacré à cette personnalité ». La ministre a rappelé, par ailleurs, que dès son arrivée dans notre pays, en 1953, comme médecin à l'hôpital de Joinville, où il a découvert des malades enchaînés, Frantz Fanon a pris fait et cause pour la lutte pour l'indépendance . Il a fondé une école d'infirmiers, introduit la culture, dont la musique qui servait de thérapie pour les malades, et la religion des Algériens dans la vie quotidienne de l'hôpital, obtenant très vite des résultats spectaculaires. Dès le déclenchement de la guerre de Libération nationale, le jeune psychiatre reçoit, dans son service à l'hôpital et dans sa propre maison, des blessés qu'il soigne ainsi que des torturés, tout comme il accueille et cache de hauts responsables politiques et militaires. Et Khalida Toumi de rappeler : « L'engagement sans concession de Frantz Fanon et sa rupture totale avec le système colonial vont le conduire à démissionner dès 1956 de son poste de médecin psychiatre de Joinville à travres une lettre retentissante adressée à Robert Lacoste, alors ministre résident de l'Algérie ». Il a rejoint la capitale tunisienne avec son épouse et son fils alors âgé d'un an et demi pour participer, dès 1957, avec des militants nationalistes, à l'équipe de rédaction d'expression de la lutte du peuple algérien, le journal El Moudjahid. Il est nommé représentant du Gouvernement provisoire de la République algérienne à Accra, où il a rencontré de nombreux militants de la décolonisation du continent africain. Frantz Fanon, a rappelé la ministre, a vécu pleinement les moments les plus déterminants de l'histoire de la lutte de Libération nationale à laquelle il a consacré sa vie. Olivier Fanon, le fils du moudjahid, a estimé que la bibliothèque personnelle de son père constitue une matière de recherche pour mieux cerner le psychiatre et mieux comprendre le penseur. « Ces documents sont une partie indéniable de notre histoire », a-t-il ajouté. Olivier Fanon, pour rappel, a offert 1.400 ouvrages, 30 articles et 27 périodiques au Centre national de recherches préhistoriques,anthropologiques et historiques pour, a-t-il dit, parachever la réappropriation de la mémoire et du combat de son père à l'Algérie. Il est à noter que ces ouvrages sont disponibles et consultables à la bibliothèque du Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques. Frantz Fanon est mort à Washington d'une leucémie, le 6 décembre 1961 et est enterré à Aïn Kerma, à El Taref.