Proposé par la délégation permanente algérienne à l'Unesco, M. Mustapha Chérif a été désigné lauréat par un jury international et distingué ex-æquo avec l'Arab British Centre du Royaume-Uni. Il a été choisi parmi 35 candidatures — 14 non arabes et 21 arabes —, de 17 pays dont plusieurs participaient au Prix, pour la première fois. La directrice générale de l'Unesco, Irina Bokova, a estimé que le dialogue « authentique » entre les cultures continue de faire défaut en ce XXIe siècle et que l'incompréhension demeurera tant que les outils d'amorcer ce dialogue ne sont pas encore identifiés lors de la cérémonie de remise de la 11e édition du Prix Unesco-Sharjah, jeudi dernier soir, au siège de l'organisation onusienne à Paris à l'universitaire algérien Mustapha Chérif et à l'Arab British Centre. Tout en se félicitant d'honorer un lauréat « exceptionnel », Mme Bokova a reconnu en le lauréat algérien celui qui a été « toujours au lieu où les cultures se rencontrent, mu par la volonté de jeter des passerelles entre les peuples pour une compréhension et un enrichissement mutuels ». « Il propose, dans ses ouvres dont les titres perlent d'eux-mêmes, des outils pour comprendre ce monde, pour faire revivre ce qu'il appelle « l'esprit de l'Andalousie », a-t-elle ajouté. Le président du Jury international du Prix Unesco-Sharjah, Stephen Humphreys, s'est dit, de son côté, « frappé par le travail extrêmement impressionnant » du lauréat algérien. « Ce dernier a dû cesser de manger et de dormir pour pouvoir réaliser un tel travail », a-t-il dit, précisant que dans son choix, le Jury a arrêté deux critères fondamentaux : « l'excellence et l'inattendu ». « En toute impartialité, nous avions cherché, dans les candidatures reçues, les personnes ayant des contributions dans la diffusion de la culture arabe, mais aussi celles qui seront à même de continuer à véhiculer cette culture », a-t-il affirmé. En recevant son prix des mains de la directrice générale de l'Unesco, Mustapha Chérif a remercié l'organisation onusienne et l'Emirat de Shariqa pour cette haute distinction qui, a-t-il dit, « l'honore et, à travers sa personne, honore son pays, l'Algérie ». Doté de 60.000 dollars US, à répartir à parts égales entre les deux lauréats, le prix Unesco-Sharjah a été créé en 1988 pour marquer la désignation de la ville émiratie de Sharjah Capitale culturelle de la région arabe. Et c'est sur proposition du gouvernement de l'Emirat de Sharjah et du roi Cheikh Sultan bin Mohammed Al-Qassimi, que l'Unesco a créé en 2001 ce prix récompensant chaque année deux lauréats -personnalités, groupes ou institutions- ayant œuvré par leur travail et leurs réalisations exceptionnelles, à la diffusion d'une meilleure connaissance de l'art et de la culture arabes. C'est la deuxième fois qu'un intellectuel algérien se voit décerner une telle distinction. Le regretté romancier et journaliste Tahar Ouettar l'avait reçue en 2005.