« Où était ce personnage ? Pourquoi avoir caché cet homme ? ». Telles sont les questions posées par le frère de Smaïl Yefsah à l'issue de la conférence débat dédiée au regretté Hacène Hammoutène, premier directeur de la Chabiba (école coranique) de Tizi Ouzou. C'est dire si le parcours de cet érudit était méconnu de nombreux citoyens de Tizi Ouzou. Un parcours qui a été dépoussiéré par l'écrivain Hadj Mohamed Hammoutène, initiateur de cette rencontre. C'est la direction de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou qui a eu aussi l'honneur d'organiser, hier, une cérémonie de recueillement au cimetière M'Douha de Tizi Ouzou sur la tombe du regretté Hacène Hammoutène. Dans l'après-midi, Hadj Mohamed Hammoutène est revenu dans son intervention sur le parcours et la vie de Hacène Hammoutène dont la quête du savoir l'avait amené de Tizi Ouzou jusqu'à Constantine pour y rencontrer cheïkh Abdelhamid Ben Badis. Ainsi, il raconta son parcours mené, « à travers la forêt de Yakouren, la plaine de Kherrata via les hauts plateaux de Sétif avant d'atteindre l'antique Cirta où il a vécu six années en travaillant comme apprenti boulanger tout en se délectant du savoir de Ben Badis et des autres ulémas ». A son retour à Tizi Ouzou, Si Hacène était chargé d'enseigner l'arabe et le Coran aux fillettes et garçons de la ville, notamment parmi les plus pauvres. « Il le faisait dans la semi-clandestinité tant ce n'était pas uniquement du Coran qu'il dispensait, mais aussi les valeurs du nationalisme ». Le conférencier fera remarquer « qu'un staff de Tizi Ouzou avait tout fait pour empêcher Si Hacène de prendre la direction de la Chabiba avant que Ben Badis, qui avait fait le déplacement à Tizi Ouzou secrètement, ne l'impose ». Malgré son intransigeance, Hacène Hamoutène « était aussi un homme généreux, amoureux de son travail et doux, mais sévère lorsqu'il fallait l'être », comme l'ont décrit sa fille Nadjia et son fils Omar qui s'attelle à faire une compilation des écrits et des œuvres de son père pour les éditer. Ses anciens élèves de la Chabiba ont fait, quant à eux, part de la qualité de l'homme, de l'enseignant, de l'érudit qu'il fut, à l'image de Salem Hammoutène et de Salima Boussa qui dira que « si Hacène était un phare du savoir ».