La Constitution n'est pas une affaire de constitutionnalistes. C'est la conviction de Me Miloud Brahimi qui s'exprimait, hier, au forum du quotidien Liberté. Il soutient que la commission technique chargée de l'élaboration de l'avant-projet de Constitution n'aura pas une grande marge de manœuvre en dépit des assurances de Abdelmalek Sellal qui, au lendemain de l'installation de ladite commission, avait affirmé qu'« aucune limite préalable » n'a été imposée au projet de révision constitutionnelle, hormis celles relatives aux constantes nationales et aux valeurs et principes fondateurs de la société algérienne. Miloud Brahim se dit entièrement favorable à l'officialisation de la langue tamazight. Pour lui, il s'agit d'une revendication tout à fait légitime qui constitue un facteur de cohésion nationale d'une importance extrême. « Il n'y a aucune raison de ne pas procéder à l'officialisation de cette langue, patrimoine de tout un peuple et non seulement d'une région », lance-t-il. Il a plaidé également pour le renforcement des droits de la femme à travers l'installation d'une commission ad hoc. Tout en reconnaissant le travail qui a été fait jusque-là par les pouvoirs publics dans cette promotion, à travers sa représentation au niveau des assemblées élues, il n'en demeure pas moins que, pour lui, la mise en place de cette structure aura à renforcer davantage les droits de la femme dans notre pays. Me Brahimi n'a pas manqué d'appeler à la nécessité, pour l'ANP, de rester hors du champ politique. D'autres sujets aussi sensibles les uns que les autres ont été évoqués par le fondateur de la Ligue algérienne des droits de l'Homme (LADH). Sur la peine de mort, l'avocat soutient mordicus qu'il n'y a aucun rapport entre l'existence de cette loi et son application et la violence. Il cite l'exemple de la décennie noire où un moratoire avait été signé en 1993 sans que cela ait eu pour effet de réduire d'un iota la violence. « Le débat est mal engagé et un jour viendra où nous allons abolir la peine de mort et le plus tôt serait le mieux », dit-il. Convaincu, Me Brahimi soutient que la pratique de la corruption n'est pas une affaire de justice. Celle-ci « est étroitement liée à la nature du système », dit-il. Et d'expliquer que la justice ne reçoit pas les dossiers qui lui sont renvoyés. Il émet aussi des doutes sur les capacités de l'observatoire de lutte contre la corruption, s‘interrogeant sur son utilité.