MCA-USMA : pour un remake ou une fin du signe indien ? Le souffle est coupé jusqu'au coup de sifflet de ce cinquième épisode-maison. Et, « mine de rien », ce duel de « quartier », que toute l'Algérie suivra, est un record mondial ! Il n'y a dans aucun championnat, à travers le globe, où deux clubs se sont affrontés à cinq reprises en finale de la coupe du pays. Le Guiness devrait penser à le « caser », surtout si le Doyen venait à réaliser ce « jamais 4 sans 5 ». Replay L'histoire, dit-on, est un éternel recommencement. Comme ces cinquièmes retrouvailles « unio-mouloudéennes » souhaitées par les uns et contraignantes, voire craintes, par les autres. Arrêtons la caricature ! Place à la rétrospective. Les quatre finales MCA-USMA sont déjà classées mais remises au goût du jour dès que la Coupe est évoquée dans les deux camps. Alger, à quelques heures de ce cinquième duel-final, provoque cette actualité et convoque sa mémoire footballistique. La bataille langagière fait rage dans les deux « milieux ». Les répliques sont « réactualisées ». Les anecdotes fusent et les statistiques décortiquées. Fouillées sur internet. Dès seize heures et après le « café au lait », les « hosilités » s'invitent et se poursuivent, pause-dîner oblige, tard dans la soirée. La tension monte et se calme entre « frères ennemis » qui se donnent rendez-vous pour le lendemain. MCA-USMA, c'est aussi cette image. Une gestuelle rythmée. Endiablée. Mais qui sait aussi se figer pour se flasher en une « pose » à deux. D'un couple, certes infernal, mais qui a supprimé, déchiré, la page « divorce », condamné à vivre ensemble. Eternellement. Tant que le cœur d'Alger bat encore. Par bradycardie ou tachycardie. Déjà en 1940 ! Et si l'USM Alger a été créée en 1937 pour renforcer le lien nationaliste enclenché par le Mouloudia dès 1921, cette osmose (MCA-USMA) allait être minée par l'administration française. Le premier président de l'USMA, le regretté Ahmed Khemmat (ex-joueur du MCA et ex-membre du bureau administratif du Doyen) témoignera, dans les années 70, du but de la complémentarité des deux clubs d'Alger avant que le colonisateur n'explose les relations fraternelles des deux équipes, surtout que le Mouloudia gênait par le qualificatif de « chaâbia » et l'USMA par sa lettre M « musulmane ». Le jeudi 14 novembre 1940, l'animosité est « programmée » suite à un tirage au sort MCA-USMA en Coupe communale. Le Mouloudia frappe par quatre fois dont un doublé de Omar Hahad. L'ambiance est « partagée » dans les quartiers musulmans d'Alger. C'est presque déjà la fin de l'idylle. Le colon avait réussi son premier plan scabreux. La Coupe Farconi les réunira, huit ans après, et pimentera la rivalité. Ce fut le 4 janvier 1948 au stade municipal (20-Août 55). Hahad et El Mehdaoui donnent l'avantage au MCA. Alger se « divise » par le football. Les colons s'en réjouissent. Une année après, le 4 décembre 1949, le tirage au sort « colle » les deux équipes pour un autre duel (Coupe Farconi) au stade municipal. Le Doyen terrasse l'USMA par un 5-1 : Azef marque un doublé, Khellil, Bennour et Derriche terminent l'addition. 1963-1973 : MCA-USMA 2 Ephéméride. La revanche, à la limite de la vengeance, se mange froid. Au premier championnat post-indépendance, même si le titre du challenge n'était qu'un critérium, l'USMA bouscule le MCA et enregistre sa première victoire grâce à Bentifour, Krimo et Bernaoui. La MCA se rattrape l'année suivante en rendant la monnaie (3-0) à son voisin. Mais ces matches relevaient du championnat. Retour à la Coupe. A l'indépendance, les quartiers sont « délimités ». Soustara pour les Rouge et Noir, Bab El-Oued et la Casbah pour les Vert et Rouge. Mais, des « cohabitations » et autres « indu-occupations » sont repérées çà et là. A l'intérieur même d'une même famille. Peut-on réellement séparer ses propres membres ? Alger refuse. Il faudra attendre 1971 pour voir se rencontrer, pour la première fois, les frères-ennemis en Coupe d'Algérie. Et en finale ! En ce 13 juin 1971, la chaleur s'estompe sur le stade municipal. Il a même plu un bout de temps. Archicomble, le stade se lève comme un seul homme et hurle : « Il y est ! ». Betrouni venait de placer un coup franc de l'extérieur du pied battant Branci au bas du poteau (5e minute). Avant la mi-temps, Bachi passe Belbekri et Saâdi et déclenche une frappe du coup de grâce des 20 mètres. La balle ricoche — poteau rentrant — et scelle le sort de cette finale. Tahir « Boukhenouna », en capitaine, s'avance, sans feinte ni gestuelle, vers le président Boumediène qui lui remet le trophée. Alger plonge dans le délire. Le camp usmiste est aux larmes. L'USMA venait de perde sa troisième finale consécutive (les deux précédentes contre le CRB). L'USMA reste dans sa triste « léthargie » en perdant une 4e finale en soirée étoilée au 5-Juillet face à Hamra Annaba en 1972. Mais l'USM Alger ne lâche pas la Coupe et parvient en 1973 à sa cinquième finale consécutive. L'adversaire ? Les retrouvailles avec le MCA un 19 juin 1973. Le temps d'été se couvre sur le stade olympique. La pluie arrose la pelouse. Après juste 18 minutes, Attoui devance la sortie d'Aït Mouhoub et ouvre le score pour l'USMA. Silence glacial dans les tribunes. Le MCA reçoit un autre coup dur avec la grave blessure de son joueur « poison » et « poisson », le Skikdi Aïssa Draoui. Bachi réussit l'égalisation à la 38e minute. Le match est serré. On va à la prolongation, aujourd'hui « temps additionnel ». Le MCA et son génial coach Smaïn Khabatou étaient dans la tourmente avant même le match pour manque de joueurs remplaçants. « J'ai accepté de jouer en joueur de champ et laisser Aït Mouhoub garder les bois », dira Kaoua qui supplée la sortie du lutin Draoui. A la 96e minute (voir photo), Betrouni accélère et glisse une balle en retrait, Bachi laisse passer Kaoua qui fusille de près Zerga, l'ex-gardien du MCA passé chez les voisins. L'USMA sombre. Bousri ajoute un troisième but et Betrouni signe le carton en dribblant Zerga. Attoui s'offre un doublé en marquant à la 120e minute (4-2) mais laisse le trophée, le 5e consécutif, aux Mouloudéens. Alger, depuis le stade, s'égosille jusqu'au lever du soleil. En 2006 et 2007, l'USMA, comme par un effet « aimant », attire le MCA pour une double finale. Le tarif est toujours le même. L'USMA ne sait pas gagner ses finales avec le MCA alors qu'elle l'a fait avec le CRB en gagnant 2 sur les 5 finales ayant opposé Belcourt et Soustara. Avec le MCA, la dèche s'allonge pour les Usmistes qui perdent à 5 reprises contre le Doyen dans les phases éliminatoires : 1975 : MCA 1-USMA 0, but de Bousri. 1982 : MCA 4-USMA 4, Bousri 2 buts, Mahiouz, Bellemou, l'USMA marquera pas l'intermédiaire de Boutamine (2), Ali Messaoud et Guedioura. 1986 : MCA 1-USMA 0, but de Sebbar. 1987 : MCA 1- USMA 0, but de Mekhloufi. En 2010, le MCA élimine l'USMA par 3-0 sur des buts de Derrag, Bedbouda et...Zemmamouche sur penalty. Ce but de Zemamouche avait provoqué une grosse colère dans le camp usmiste. Quant aux Rouge et Noir, ils ont éliminé le MCA en 1977 sur une tête du remplaçant Derraoui avant de « renvoyer » le MCA aux penalties en 1999. Demain, ce sera une autre convocation des deux clubs pour un finish en capitale. Dame Coupe cédera-t-elle encore pour la cinquième fois devant le charme charismatique de ce finaliste, le MCA, qui n'accepte que la victoire en finale ? Le MCA tout comme l'USMA à travers leurs troupes qui se comparent aux clubs italiens, la Juve et Milan, vont offrir, au-delà du résultat dans ce énième « Stracittadina », une soirée de nirvana à un Alger qui retient quand même son souffle. Bon match à tous. L'histoire l'écrira encore.