« Les universitaires sont capables de faire la synthèse des principes actifs et des excipients à même de trouver les solutions à tous les problèmes qui bloquent le développement de l'industrie pharmaceutique. Il suffit seulement de trouver les mécanismes à mettre en œuvre pour les rapprocher des industriels voulant investir dans ce domaine », ont estimé, hier, les participants au premier séminaire international consacré au génie pharmaceutique SEHA. Organisée par le laboratoire des phénomènes de transfert de la Faculté de génie mécanique et génie des procédés de l'USTHB, cette rencontre, qui regroupe 171 chercheurs venus d'une trentaine d'universités algériennes, se veut un espace d'échange d'idées et d'expertises entre universitaires et industriels sur les problèmes entravant le développement du génie pharmaceutique. Une filière qui permet d'étudier tous les procédés de fabrication des médicaments, de l'extraction et la synthèse des principes actifs jusqu'à leur mise en forme (capsules, tablettes de comprimés ou des sirops). En Algérie, l'intervention des industriels se limite au conditionnement. Selon le professeur Kamel Daoud, directeur du laboratoire génie pharmaceutique, l'industrie pharmaceutique dans notre pays est à la dernière étape. Elle n'intervient qu'au niveau du conditionnement. « L'Algérie importe l'ensemble des principes actifs, les excipients, elle ne fait que dans l'emballage », regrette-t-il, estimant qu'il y a des travaux qui prouvent qu'il y a des compétences pour synthétiser les principes actifs. Selon cet universitaire, il est temps de remonter cette chaîne. « Il faudrait que les industriels s'investissent dans la synthèse des principes actifs ou procéder à des extractions à partir de plantes, étant donné la richesse et la diversité de la flore algérienne », propose-t-il. Les travaux de recherche effectués par les universitaires algériens prouvent qu'ils sont en mesure de contribuer au développement de cette industrie à même de créer des sociétés de fabrication de principes actifs et d'excipients. Des laboratoires sans centre de recherche De l'avis des professionnels, il existe des problèmes d'ordre organisationnel et juridique à prendre en charge. A l'exemple des entreprises privées qui ne disposent pas de centre de recherche pour développer les travaux en la matière. Selon le Pr. Daoud, le travail de l'université se limite à la recherche. Son intervention consiste à synthétiser au niveau des laboratoires. La molécule, une fois synthétisée, nécessite une prise en charge au niveau industriel. C'est là où réside le problème. Ce qui explique l'urgence d'impliquer les industriels dans les centres de recherche et de travailler en collaboration avec les chercheurs universitaire. Jusqu'à présent, les opérateurs dans le domaine ne font que dans le conditionnement. L'Algérie ne dispose actuellement que d'un centre de recherche étatique appartenant à Saïdal et un laboratoire de développement relevant de la société Bio-Pharm. Certains experts reconnaissent qu'il y a un vide juridique en la matière. Pour le Pr Daoud, l'Etat devrait prendre des mesures pour qu'il y ait un redressement de la recherche au niveau de l'industrie pharmaceutique. « Il faut promulguer des lois pour encourager les sociétés à investir dans le domaine pharmaceutique, à l'instar de ce qui se fait en France, entre autres, l'exonération d'impôts pour les sociétés qui investissent dans la recherche », préconise-t-il, en proposant des facilités au niveau des Douanes pour l'importation de matériels et d'équipements de recherche.