Sept mois après votre installation à la tête de ce secteur, pouvez-vous nous en dresser un bilan ? Nous avons démarré avec un diagnostic partagé avec les professionnels qui était préliminaire. Avec le temps, nous avons constaté qu'il y a des choses qui se confirment et d'autres qui apparaissent et méritent une prise en charge. Il est clair, dans le constat que nous avons établi, que les difficultés que connaissent les activités de la pêche et de l'aquaculture proviennent fondamentalement à la fois de la maîtrise et de l'orientation de leur modèle de croissance, de l'insuffisante organisation des divers métiers et professions et du manque de coordination et de concertation entre les différents intervenants que ce soit au niveau local ou central. Cela dit, la profession est encore insuffisamment structurée. Nous avons également constaté que les acteurs ne sont pas complètement intégrés à l'ensemble des dispositifs d'accompagnement à l'investissement qui existent. Pour ce qui est des points forts, on peut souligner qu'il y a une économie qui s'est développée au cours de ces dernières années. S'agissant de la pêche maritime, il faut savoir que l'Algérie a une place non négligeable dans la pêche méditerranéenne, ce qui n'était pas le cas dans les années 70. La flottille a presque doublé, atteignant plus de 4.400 bateaux. Les inscrits maritimes directs et les emplois ont aussi doublé. Le grand défi est justement d'arriver à rendre durable ce processus, en assurant une gestion durable de la ressource. Du côté de la consommation, il se pose la problématique d'intégration entre les différents maillons des filières de la pêche. Il y a beaucoup d'attentes de la part des consommateurs, surtout sur les prix et la qualité des produits. Une nouvelle feuille de route a été mise en œuvre pour la relance du secteur de la pêche. Quelles sont les actions déjà réalisées ? D'abord, je tiens à noter qu'il est important de savoir qu'il était question de lancer en même temps au moins quatre instruments structurants de l'économie de la pêche et de l'aquaculture. Il fallait pallier quelque part les difficultés structurelles qu'on avait. Je commencerai par les actions menées pour mieux gérer ce qui se passe en mer. Mieux s'organiser, mieux connaître pour mieux pêcher. C'est la vision partagée des choses. Pour arriver à cet objectif, nous avons relancé, sur 14 wilayas, la mise en œuvre des plans d'aménagement des pêcheries, un projet qui date des années 2000. Ces plans d'aménagement nous permettront d'intégrer aussi les questions de l'environnement et de la complémentarité avec les autres usagers des espaces marins avec la coordination des autres secteurs avec comme objectif de mieux gérer les zones de pêche, les identifier, avoir des règles de gestion qui sont adaptées par rapport à ce qui se passe dans les différentes wilayas. J'espère qu'en cette année 2013 on arrivera au moins à avancer sur cinq ou six wilayas pilotes que nous avons identifiées. Les wilayas choisies sont celles qui ont quelques particularités et qui peuvent se dupliquer dans des wilayas jumelles. A titre indicatif, on a une wilaya majeure en volume de capture comme Tlemcen, une wilaya qui a un plateau large comme Tipasa, une wilaya à forte présence urbaine comme Alger, nous avons une wilaya où il y a beaucoup de petits métiers comme Tizi Ouzou, et Skikda où il y a une présence d'activité pétrolière sur la façade maritime. L'idée est d'arriver à identifier les zones de pêche, les zones frayères et nourricières du poisson, les zones environnementales remarquables, établir une cartographie pour pouvoir, avec les professionnels, définir des modes de gestion pour améliorer la gestion durable des ressources. La deuxième phase est le débarquement. Il faut avoir des lieux de débarquement mieux organisés et bien gérés. Dans ce cadre, il y a la convention Etat-entreprise qui a été signée. Au niveau des ports, il y a un programme d'investissement qui a été identifié depuis deux mois. En quoi consiste-t-il ? Il s'agit d'un projet de programme qui a pour but d'améliorer les conditions d'activité économique au sein des ports. Le projet consiste à compléter tous les investissements lancés, entre autres, dans l'assainissement, l'eau, l'électricité et autres. Ce que nous avons identifié ce sont des actions qui n'avaient pas de source de financement et n'étaient jamais intégrées dans les programmes d'investissement. Avec ces projets, nous aurons des ports mieux structurés. De l'autre côté (troisième aspect structurant), nous avons appelé les professionnels à s'organiser. Il y a plus de 48 associations qui sont en phase de création dans différentes activités, à savoir les sardiniers, les petits métiers, les chalutiers... Nous avons demandé aussi aux mandataires de créer leur propre association. Les professionnels se sont organisés et ont créé une fondation de solidarité. Cette organisation des professionnels nous permettra d'avoir des vis-à-vis et de pouvoir construire ensemble un processus de développement durable. Il y a aussi le circuit de commercialisation... En effet, après l'étape du débarquement, viennent essentiellement la distribution et la commercialisation. Cela constitue le quatrième axe de structuration. Dans ce cadre, nous avons déjà réalisé une enquête nationale sur ces questions et nous devrons, lors du prochain trimestre, sortir le projet de texte sur l'activité des mandataires pour organiser cette profession, un texte qui fixe les cahiers des charges de fonctionnement des halles à marées et des premiers lieux de débarquement et aussi un texte sur la salubrité des produits de la pêche. Qu'en est-il des actions transversales d'accompagnement des acteurs ? Pour ce qui est des actions transversales réalisées dans le cadre de la feuille de route, elles sont de trois types. D'abord, il y a des actions dans le cadre de la formation. Il y a un nouveau dispositif qui commencera à partir de septembre et se substituera à la formation des professionnels sous la formule précédente des classes spéciales. On va avoir un système encore plus adapté qui est la formation par la qualification. Les professionnels qui sont sur le terrain peuvent passer devant des jurys, assez rapidement, pour qu'ils soient évalués et pouvoir ainsi avoir les diplômes correspondants pour exercer leur métier. La deuxième action c'est de stabiliser les conditions sociales et économiques dans lesquelles s'exercent ces professions. Si je prends un exemple, nous sommes en train de réinstaller des médecins de mer au niveau des ports. Les wilayas sont en train, également, de mettre en place un système de correspondants sociaux pour régler tout ce qui est lié à la sécurité sociale au profit des gens de la mer. La troisième action concerne l'intégration et l'adaptation des dispositifs de soutien économique à l'investissement et à la création d'emplois productifs dans le secteur. Il y a aussi les préoccupations des gens de la mer... On ne peut pas développer une économie sans ces acteurs. Il faut comprendre aussi que si nous voulons stabiliser les professionnels et l'emploi dans un secteur, il faut assurer un minimum de conditions. L'avantage que nous avons, c'est que l'effectif se renouvelle. Il y a beaucoup de jeunes qui arrivent dans le secteur. Comparativement aux dix dernières années, le nombre d'inscrits maritimes a augmenté. Aujourd'hui, nous en avons près de 50.000. Dans le cadre de la nouvelle feuille de route, on va aller vers un système d'incitation indirect que nous sommes en train d'établir avec des professionnels. Cela permettra à plusieurs d'entre eux de promouvoir leurs projets d'investissement. Des actions sont lancées pour professionnaliser le secteur. L'octroi des accompagnements sera conditionné. Les dispositifs d'aide seront verrouillés et orientés vers les professionnels et les gens de la mer. Si demain il y a des investisseurs qui viennent, ils doivent réunir les qualifications nécessaires. L'exigence de la formation et la qualification est importante. La flottille algérienne de pêche est vétuste et peu diversifiée... C'est l'un des constats que nous avons établis et sur lequel nous avons lancé une réflexion. Ce volet va être développé lors du deuxième semestre de cette année. Nous l'avons préparé tout au long de ce semestre. Nous avons pratiquement bouclé les discussions avec l'ensemble des dispositifs (Ansej, Andi, ANDPME, Angem...) qui pouvaient intervenir dans cette opération de réhabilitation et de modernisation de la flotte de pêche pour accompagner les investisseurs, particulièrement les gens qui sont déjà dans le secteur, à savoir patrons ou armateurs de pêche ou pour l'aquaculture. L'idée est de pouvoir utiliser ces dispositifs d'aide pour faire bénéficier les professionnels du secteur des mesures d'incitation. On devait régler trois questions : adapter ces dispositifs aux activités de la pêche, identifier les types d'activités pour cibler les axes d'investissement et également la formation, les mécanismes de mise en œuvre sur le terrain. Je tiens à préciser que la feuille de route est déployée selon cinq axes (pêche, aquaculture, pêcheurs, accompagnement, gouvernance). Dans ce cadre, la logique prépondérante est de moderniser la flottille, pas de l'augmenter en quantité mais de moderniser l'outil de production existant. Aujourd'hui, nous avons 40% de la flottille qui dépasse 20 ans. Nous avons environ 1.500 navires à réhabiliter et à moderniser. Très peu sont équipés de matériel moderne de pêche. On est conscients qu'il y a beaucoup de travail à faire. Justement, les pêcheurs se plaignent de ne pas pouvoir assurer l'entretien de leurs bateaux par manque de pièces de rechange. Ils déplorent le fait que celles-ci soient taxées à l'importation... Pour décider des mesures d'allègement il faut qu'il y ait une organisation assez visible pour éviter que lorsqu'on recourt éventuellement à ce type de mesure on est sûr de son impact. En principe, lorsqu'il y a allègement de la TVA, c'est pour pouvoir diminuer le coût aux consommateurs. Dans l'état actuel de l'organisation, on ne peut pas s'assurer qu'une telle mesure va se répercuter sur le prix au consommateur. Par contre, il est nécessaire, à terme, de mieux organiser les différents opérateurs intervenant dans la maintenance et la construction navales au niveau des ports de pêche et hors ports et de favoriser leur développement en face de professionnels mieux organisés collectivement codifiant les relations, les services et les prix dans des accords de type privé-privé. La campagne de pêche continentale va être lancée le 12 mai. Quelles sont les prévisions de production ? On ne peut pas avoir de prévisions. Ce que nous savons, c'est qu'en 2012 il y a eu une croissance de 4% par rapport à 2011. Pour le trimestre dernier, il est difficile de dresser un bilan. On le considère comme étant un trimestre mort parce qu'il y a moins de sorties en mer vu les conditions climatiques qui sont défavorables. Pour en avoir vraiment une idée, il faut attendre le mois de septembre. Avec cette quantité on ne peut, certainement, pas prétendre à passer à l'exportation... Au niveau de la Méditerranée, qui compte 23 pays, on pêche un million de tonnes par année. La demande en Méditerranée est de l'ordre de 4,5 millions de tonnes. La part de l'Algérie est estimée entre 10 et 12%. A l'instar des pays méditerranéens, hormis la Turquie, l'offre locale en Algérie ne couvre pas complètement la demande. Si vous prenez la France ou l'Italie, ces pays importent en moyenne 500.000 tonnes par an. Pour couvrir ses besoins, notre pays importe environ 30.000 tonnes à raison de 1.500 dollars la tonne en moyenne. Le gros des importations est constitué de filets de poisson congelé. Comment expliquer aux citoyens la cherté du poisson ? Cela dépend de quoi on parle. Car dans le terme poisson, il y a, au moins, cinq catégories de produit. On a les poissons nobles frais, les poissons d'élevage, les poissons congelés et surgelés et on a les poissons transformés. Il y a aussi une cinquième catégorie de produits, les poissons frais à tendance de prix bas comme la sardine et ceux issus de la pêche continentale (carpe ...). Ces deux dernières catégories de poisson se rapprochent des possibilités des consommateurs à faible revenu. Maintenant, si on parle des poisons fins, ils sont chers partout dans le monde et même chez les pays voisins. Pour les produits congelés, nous avons sur le marché algérien des produits dont le prix varie entre 400 et 800 DA le kilo. Cela peut concerner même des espèces qui sont dans le frais hors de prix (filets de poisson, rouget, merlan, espadon ...). Dans la même logique, il faut savoir que le poisson est un bien économique. Les prix sont aussi déterminés par l'offre saisonnière, les coûts, la productivité, les niveaux de rentabilité des acteurs économiques et des intervenants et l'efficacité et la transparence des circuits de commercialisation. Aujourd'hui, il y a plusieurs manières d'aborder cette question des prix. Soit on considère que l'utilité socio-économique des filières de la pêche est appréhendée et évaluée exclusivement sur la question de leur capacité actuelle et future à fournir des produits de consommation à des niveaux de prix inférieurs à ceux des autres protéines animales. Ou l'approche à privilégier est de type économique recherchant un équilibre durable entre les besoins des consommateurs, la gestion rationnelle des ressources halieutiques locales et la préservation des emplois et la rentabilité économique des professionnels. Je prends un exemple précis. Si la demande du consommateur est d'avoir par exemple une disponibilité toute l'année de la sardine autour d'un niveau de prix inférieur à 200 DA, cela veut dire que la filière est aujourd'hui capable de fournir des quantités importantes et constantes à ce niveau de prix, en dépit de la saisonnalité et de la variabilité de la pêche et de la ressource, et que les professionnels ont rémunéré leurs marins et les acteurs ont amorti leurs coûts et investissements. Ainsi, pour obtenir des évolutions positives à court et moyen termes sur ce rapport entre la disponibilité, les prix et les différents types de produits halieutiques, il est nécessaire d'agir sur à la fois les déterminants socioéconomiques de l'offre nationale, mais aussi d'élargir la gamme des différents types de produits disponibles sur le marché pour répondre à la fois aux problématiques d'une demande qui n'est plus saisonnière, n'est plus restreinte aux populations côtières, répondre aux différents niveaux de revenus des consommateurs et permettre une diversification qualitative des sources de consommation des protéines animales. Comment expliquez-vous que par le passé, les prix du poisson étaient abordables ? Des subventions sont-elles envisageables ? On oublie souvent que les conditions socioéconomiques de réalisation de ces actes de production (pêche, intrants, commercialisation) ont évolué comparativement à ce qui se faisait il y a 30 années. Il faut savoir aussi que le prix du poisson est déterminé aussi par la quantité du gasoil consommée. Moins vous dépensez de gasoil, plus le coût au débarquement est plus bas. Mais si nous voulons un modèle viable, il faut le stabiliser en essayant d'avoir un équilibre entre la ressource, les intervenants et le consommateur. Si les prix, par exemple, sont trop bas, supposant qu'on subventionne le prix à la consommation, ce qui va se passer, c'est que les producteurs vont se désintéresser car cela ne sera pas rentable pour eux. D'un autre côté, si les subventions prennent en charge les charges du producteur, ce dernier va être incité à capturer plus. Donc il va mettre en danger la ressource. Il faut donc plutôt mettre en place un système d'incitation qui ne génère pas des distorsions dans les comportements des acteurs et qui évite de recourir aux contribuables. Il ne faut pas oublier que l'économie ce n'est pas seulement le prix au bout de la chaîne, mais ce sont aussi l'emploi, les conditions de durabilité de l'investissement et du capital naturel qu'on utilise. Il faut arriver à équilibrer ces éléments simultanément. Cette flambée est également l'effet de la spéculation... Il y deux grandes périodes. La saison de pêche où l'offre est abondante (pour les poissons bleus cela correspond à la période d'été, début d'automne) et les périodes hors saison. Au cours de la période de la saison, on a remarqué que les quantités débarquées sont équilibrées par rapport à la demande actuelle. Quand on est dans des conditions climatiques et biologiques favorables à la pêche, les prix se rapprochent des conditions économiques d'intervention de différents acteurs. C'est-à-dire que, quand les pêcheurs débarquent plus de 7.000 tonnes par mois de sardine, le marché a tendance à s'autoréguler et on aura des prix aux consommateurs qui sont acceptables. Dès que la production baisse en dessous de 5.000 tonnes, vous êtes dans une situation structurelle de rareté de l'offre. Cette rareté elle-même encourage les comportements de spéculation devant l'inexistence de sources d'approvisionnement alternatives et de rigidité de la demande. Et là souvent nous sommes dans la période hivernale. Dès lors, il est nécessaire d'agir avec les professionnels dans trois directions : accompagner et développer les mécanismes d'autorégulation pendant la saison de pêche, améliorer la transparence et la formation des prix en hors saison, diversifier et élargir l'approvisionnement du marché par les autres types de poisson pendant la saison creuse. Le quota de pêche de l'Algérie en thon rouge a été revu à la hausse. Est-ce qu'on a les moyens pour pouvoir le pêcher ? Pour cette campagne, on va avoir plus d'armateurs qui seront engagés dans la pêche au thon rouge. Nous avons enregistré sept demandes. Le défi de cette année c'est d'améliorer le niveau de capture du quota qui a été attribué par l'Iccat. Les professionnels se sont préparés depuis plus de trois mois. Nous avons fait des inspections multiples pour leur permettre à chaque fois d'améliorer l'armement de la flottille qui va être engagée. Il faut savoir que si on veut améliorer notre quota, il faut pêcher déjà le quota attribué. Cela nous permettra de renforcer notre position lors des prochaines négociations. Surtout que lors des dernières négociations, le principe a été retenu de réexaminer la position de l'Algérie lors de la prochaine réunion. Notre quota initial était de 650 tonnes et on n'a jamais accepté qu'il soit réduit. Maintenant notre quota est de 243 tonnes avec l'objectif de revenir, au fur et à mesure, à notre quota initial. Si on arrive à relancer cette pêcherie, à la réorganiser pour que nous puissions avoir un quota meilleur, je pense même que dans les prochaines années, il y a matière à développer des investissements dans l'engraissement du thon en Algérie. Jusqu'à quand se maintiendra l'interdiction de la pêche et de l'exploitation du corail ? C'est une décision gouvernementale. La reprise doit se faire dans les mêmes formes. De plus, il faut réunir les conditions pour pouvoir maîtriser cette pêche. C'est assez complexe. Avez-vous identifié de nouvelles zones ? Dans l'étude réalisée, il y a de nouvelles zones qui ont été localisées, notamment au centre et à l'est du pays. Si demain il y a une décision qui est prise de réouverture de la pêche du corail, il y aura un plan d'aménagement. Les zones seront à ce moment-là ouvertes de manière progressive. Pour pouvoir passer à un mode de gestion raisonné, il faut disposer d'un outil opérationnel de gestion et de contrôle sur le terrain. C'est pour cela que les conditions d'ouverture ne sont pas encore réunies. Parce qu'il faudra avoir un organisateur sur le terrain. Il faudra ouvrir les zones de pêche et les fermer, contrôler les quantités, percevoir les taxes. Cela pose un certain nombre de difficultés sur le plan opérationnel. Où en êtes-vous avec le protocole d'accord de pêche avec la Mauritanie ? On va encourager au fur et à mesure le développement de la coopération avec la Mauritanie dans ce domaine. On espère que des opérateurs privés des deux pays porteront cette initiative. Cet accord peut constituer une alternative de complément d'approvisionnement pour le marché algérien. Le secteur de la pêche est sujet à des pratiques frauduleuses. On parle de filets dérivants, de transactions en haute mer en faveur des étrangers et de l'utilisation de la dynamite. Comment lutter contre ces phénomènes ? Il n'y a pas de solution définitive, c'est une lutte permanente que mènent les différents services de sécurité sur le terrain. Les informations dont nous disposons confirment que des progrès significatifs ont été réalisés ces dernières années sur le terrain tant sur les plans des moyens mobilisés, notamment par le service des gardes-côtes, que du respect de la réglementation en la matière. Par ailleurs, nous pensons que plus l'économie et les acteurs de la pêche seront organisés, plus ces pratiques inacceptables auront tendance à disparaître. Ainsi, on ne peut durablement mettre fin à ces comportements que si les actions de contrôle et de répression sont complétées par les professionnels eux-mêmes et qu'ils s'engagent massivement à lutter contre ces phénomènes. Au cours de ces derniers mois, tous les ports de pêche sont en phase de renforcer les aspects sécuritaires. En collaboration avec les services et les différentes autorités de contrôle (maritimes, portuaires, sanitaires, fraudes commerciales) et à l'occasion de la mise en place opérationnelle, au cours du premier trimestre 2013, du corps des inspecteurs de la pêche, nous sommes en train d'améliorer la coordination entre ces différentes autorités. Nous avons aussi organisé, au cours de ce mois d'avril, avec le concours de la profession, des journées de sensibilisation relatives au respect de la réglementation maritime et de la pêche en direction des pêcheurs à travers l'ensemble des wilayas. Il faut fédérer et mettre en synergie les efforts de lutte avec la contribution effective des professionnels et des associations. On vous sent optimiste... Je suis persuadé que si les actions inscrites dans la feuille de route ont pu être réalisées, c'est parce que les professionnels et les secteurs impliqués ont joué le jeu. Je pense que nous sommes dans la bonne voie. Il faut rendre durable ce cadre de concertation, de dialogue et d'action commune. Malgré les problèmes et les insuffisances relevés, des potentialités existent et des efforts importants de développement des capacités publics et privés ont été mis en place au cours de cette dernière décennie, en matière de ressources humaines, de savoir-faire, de capacités scientifiques et techniques, d'investissement dans la flottille, des activités et services liés et des infrastructures portuaires. Il s'agit maintenant d'inscrire leur valorisation et leur développement au service d'une économie de la pêche productive durable, créatrice d'emplois pour les gens de la mer et s'intégrant de manière complémentaire et croisée aux opportunités futures qu'offre la dynamique naissante du développement de l'économie de la mer en Algérie.