Tikjda mise à part, Bouira n'a pas grand-chose à offrir en matière de loisirs. Sauf peut-être pour des personnes qui affectionnent l'ambiance enfumée des discothèques et des cabarets, aménagés dans le sous-sol de certains hôtels de la ville. Mais pour les familles qui voudraient que leurs enfants se distraient, manger dans de bons restaurants ou se dépenser physiquement, il n'y a pas d'autre choix que d'aller à Tikjda... si le temps le permet et si elles disposent d'un véhicule. Car le transport urbain de la ville vers ce site montagneux est quasiment inexistant et ne figure apparemment pas encore parmi les priorités de la wilaya. A condition également que les sites d'hébergement n'affichent pas complets et que le téléphérique ne soit pas en panne. Concernant ce dernier, les visiteurs espèrent sa remise en marche d'ici l'été prochain afin de profiter des randonnées sur les hautes cimes. Cependant, les randonneurs ne manqueront pas d'être déçus par le spectacle navrant des ordures et des packs de bière qui envahissent déjà certains flancs de Tikjda. Des ordures dans lesquelles fouillent des singes, histoire de se mettre quelque chose sous la dent, le temps qu'une âme charitable leur jette quelques friandises. Et les âmes charitables, ce n'est pas ce qui manque ! C'est avec un plaisir évident que les tout petits, et même certains adultes, comblent les désirs culinaires des primates, bien que cela soit interdit. En fait, les visiteurs, jeunes et moins jeunes, profitent au maximum de tous les loisirs que peuvent leur procurer Tikjda. Surtout ceux qui ne peuvent y séjourner au-delà d'une journée, à cause du problème d'hébergement. « Avec la réouverture de l'hôtel Djurdjura et la réception d'un nouvel établissement au niveau du parc, nous disposerons, au total, à partir du mois de juillet, de 700 lits contre 190 actuellement. Quant au transport, il est vrai que l'ouverture d'une ligne régulière, reliant la ville à Tikjda, n'est pas encore à l'ordre du jour. Mais au niveau de notre APC, nous fournissons des bus aux jeunes qui s' y rendent en groupe », assure le P/APC d'El Esnam qui se réjouit de la bonne qualité de l'accueil et de la restauration dans les infrastructures de Tikjda. Il est vrai que sur le plan restauration, le service est excellent, la nourriture, de qualité, et les prix abordables. « Nous recevons chaque week-end 500 visiteurs en moyenne », confie l'un des employés du restaurant. Un chiffre auquel ne peut prétendre hélas le parc de loisirs privé « Thamaghra » implanté il y a quelques années à Tizi-Ouzou ! Mais il est vrai aussi que les deux sites ne sont pas comparables. Le parc de loisirs et aquatique a coûté des milliards de dinars... mais reste boudé par les Tizi-Ouzéens. Pourtant, c'est l'unique produit de loisir dans la région, constitué d'un hôtel, d'aires de jeux, de deux piscines (intérieure et extérieure), d'un restaurant, d'instituts de beauté, d'un sauna, de salles de massage.... « Depuis 2007, nous n'avons pas encore eu un retour sur nos investissements. Pourtant, ce parc est une véritable bouffée d'oxygène pour les habitants qui souffrent d'un déficit en matière de loisir. Mais je pense qu'il faudra du temps pour habituer les habitants au tourisme de loisir », confie Yacine Aït Said, gérant du parc. Parc de loisirs Thamaghra, une bouffée d'oxygène pour Tizi Les piscines et les attractions attirent du monde durant la période estivale, mais pas le reste de l'année. « Je crois que les Algériens d'une façon générale se sont habitués à chercher des loisirs uniquement durant les grandes vacances. Or, il est très difficile de briser la routine et les habitudes. De toute façon, nous étions conscients depuis le début que ce parc est un projet à très long terme. Il y a du progrès d'année en année », fait-il remarquer. Pour le moment, ce sont surtout les montagnes qui attirent le plus les Tizi-Ouziens ! Les montagnes du Djurdjura et la forêt de Yakouren bien qu'une partie de cette dernière soit détruite par les incendies ces dernières années, faisant fuir les singes, notamment, qui faisaient le bonheur des promeneurs. Y compris ceux qui empruntent la route de Yakouren vers Bejaïa. Une route plaisante qui aboutit directement sur la mer. Une région outrageusement gâtée par la nature. Yemma Gouraya, perchée sur l'une des plus belles baies au monde, semble délaissée à cause du problème de transport. La montée à pied vers le sommet du mont qui surplombe la mer, en effet, est épuisante. Surtout pour les personnes âgées et les enfants. A ce propos, le wali de Bejaïa a réitéré les promesses des collectivités locales pour la mise en place d'un téléphérique. Le projet serait, selon lui, toujours à l'étude. Mais, depuis, les habitants s'impatientent et doutent même de voir un jour un téléphérique les emmener jusqu'au sommet. Investisseurs boudés par les banques « Mis à part un théâtre et une vieille salle de cinéma, il n'y a aucune autre source de loisirs à Bejaïa. Nous avons des endroits paradisiaques mais hélas, il n'y a pas une volonté politique pour créer de l'animation, des loisirs dans ces sites. De plus, même les investisseurs ne semblent pas vraiment intéressés par ce créneau et ce, malgré la forte demande en matière de loisirs », souligne M. Bouchekhchoukh, président de la Chambre de l'artisanat de Bejaïa en déplorant que le projet d'une pénétrante, inscrit en 2010, reliant Bejaïa à l'autoroute, soit également à la traine. La pénétrante arrangerait pourtant bien les touristes et estivants, leur épargnant des encombrements sans fin. Quant aux investisseurs, il semblerait qu'ils butent encore sur les réticences de certaines banques, la CNEP notamment. Pourtant, la convention signée entre le ministère du Tourisme et quatre banques est censée leur faciliter l'accès au crédit avec un délai de remboursement au-delà de dix ans. En attendant, les investisseurs de la commune de Toudja notamment, ambitionnent de se lancer dans un aménagement touristique dans le respect de l'environnement. Le musée de l'eau, inauguré en 2010 à l'initiative de l'association Gehimab et l'APC de Toudja, semble être le premier pas concret de ces ambitions. Le musée se situe à proximité d'une source millénaire d'eau pure qui jaillit de l'un des flancs de la montagne de l'Aghbalou. Une source blanche dont le souffle frais et saccadé donne vie au village tranquille qui, lui aussi, semble pauvre en loisirs.