Il est des pratiques qui ont la vie dure et qui témoignent de la persistance de résistances multiples au changement au sens du dépassement de la transition économique que vit l'Algérie. Le marché informel, la spéculation qu'il permet avec une facilité déconcertante, l'évasion et la fraude fiscales qui en est le pendant et tant d'autres réalités, sont autant de manifestations regrettables d'une économie parallèle qui sévit aux côtés d'une économie dont l'Etat s'efforce de faire la seule locomotive du développement. L'approche du mois de ramadan et le mois de ramadan lui-même, pour ce qu'il recouvre comme dimension sociale avec ses valeurs de solidarité, de sérénité et d'intégrité, sont une occasion pour une mobilisation autrement plus spectaculaire des pouvoirs publics contre les phénomènes que nous avons évoqués plus haut en vue d'endiguer des tendances observables sur le marché, qui consistent en une montée des prix des produits les plus demandés, et ce, malgré leur disponibilité. On aura beau s'offusquer, en tant que consommateurs, citoyens et musulmans qui s'apprêtent à célébrer le mois sacré dans la piété et le recueillement, les spéculateurs n'en seront pas moins impitoyables et les actes de prédation commerciale moins fréquents ni moins agressifs. D'où une veille publique de tous les instants et des contre-mesures adéquates consistant à inonder le marché de produits censés susciter l'appétit, en cette période, de charognards du commerce. La préconisation de la disponibilié de produits comme le poulet congelé de production algérienne et la viande rouge d'origine indienne sont, entre autres mesures, des moyens pour neutraliser dans l'œuf des velléités de spéculation. Ce sont d'ailleurs les barons de la spéculation, dont les intérêts sont contrecarrés par ces mesures, qui tentent de nourrir la rumeur selon laquelle la viande importée d'Inde serait malade, et le poulet congelé serait avarié. Ce qui est bien sûr complètement faux et procède d'une manipulation des masses et d'une volonté de régner sur le marché de la part des affameurs et d'en fixer les règles et les prix au nom du seul profit. Ce qu'il faudrait, c'est peut-être budgétiser, sur le long terme, une politique de contre-mesures qui ruine toutes les tentatives des spéculateurs de s'approprier le marché, sans pour autant ruiner l'équilibre entre l'offre et la demande, en espérant qu'au bout de cet effort, les parasites qui hontent les marchés cessent d'identifier la bourse des familles algériennes comme leur cible privilégiée, et la spéculation comme un créneau porteur. Il y a tant à faire en Algérie et tant d'argent à gagner sans que cela ne s'apparente à l'escroquerie ou au larcin.