L'unique femme responsable d'élevage canin, c'est la jeune Rafika Feghoul. Employée au chenil de Ouled Fayet (Ouest d'Alger), où elle mène sur plusieurs fronts des activités liées à l'élevage des chiens, elle a fait un premier essai en 2007. Elle est très vite rappelée par le directeur de ce centre canin où elle s'est intégrée depuis trois ans dans le groupe. Les chiens? Elle a appris à les connaître véritablement dans leur milieu ambiant, à les soigner, aider les femelles à mettre bas, élever les chiots et leur apporter soins et attentions. Ce sont «ses petits, ses protégés» dès leur arrivée au monde jusqu'au jour où ils sont achetés par des particuliers. Petite de taille, mince, une mine d'adolescente, Rafika, fille unique d'une mère ancienne employée de la très célèbre revue Révolution africaine, est en même temps chef de famille. Elle qui ne sait pas taire son attachement à ses «pupilles», parle d'eux avec «amour», selon ses termes. En fait, c'est Cathy la chienne de son enfance qui a déclenché cet attachement qu'elle porte en elle pour la race canine. «Je leur parle comme à des humains, je me confie à eux. Je sais qu'ils me comprennent». de la «pension vacances», le temps où le chenil reçoit en pension les chiens, et de la vente des chiots c'est Rafika qui s'en occupe. L'initiation de la vie du chenil aux nouveaux animaliers c'est encore elle. «Le contact direct avec l'animal est très important pour moi et le moment le plus déterminant est la sortie du chenil des animaux mis en pension, quand les maîtres voient si leur animal de compagnie a eu une bonne prise en charge, et quand je suis récompensée moralement.» Plus rien ou presque n'a de secret pour elle. A force de vivre dans cet environnement canin «je perçois le moindre écart de comportement chez l'animal. Je sais que s'il est agressif et batailleur c'est qu'il a ses raisons, comme un être humain». Séparer les chiens au cours d'un combat, s'il y en a, elle n'a pas peur de «Foncer», selon un animalier. Qu'est-ce qui pousse une jeune femme à prendre neuf mini-bus pour aller de Mahelma à Ouled Fayet, été comme hiver, vers «Ses amis» ? Le salaire me direz-vous. Certes, mais il faut plus que cela à une jeune femme qui se dévoue à plein temps à ses protégés. Courageuse, téméraire elle se laisse tout de même envahir par l'émotion, qu'elle refoule très vite. Sous sa carapace de fonceuse on entrevoit la fragilité féminine.