L'Unesco a ajouté vingt et un sites au Patrimoine mondial, une liste de plus de 900 monuments ou lieux exceptionnels, avec un accent particulier mis cette année sur les pays du Sud. La Cité épiscopale d'Albi en France, l'atoll de Bikini théâtre de 67 essais nucléaires américains de 1946 à 1954 (Iles Marshall), la ceinture de canaux d'Amsterdam du Siècle d'or hollandais (XVIIe), le bazar historique de Tabriz en Iran, des villages claniques historiques de Hahoe et Yangdong (Corée du sud), ou la région montagneuse de forêts du Sri Lanka sont quelques-uns des nouveaux sites retenus par l'Unesco. Parmi les derniers sites ajoutés, figure un parc national de 100.000 hectares sur l'île française de la Réunion, dans l'Océan indien, “site d'une très grande beauté et d'une biodiversité unique”, a souligné Tim Badman, de l'Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN). La nouvelle liste a été établie par le Comité du Patrimoine mondial de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture, dont la 34e session s'est tenue du 25 juillet au 3 août à Brasilia. Trois pays ont fait leur entrée au Patrimoine mondial : le Tadjikistan, les Iles Marshall et Kiribati. “Lors de cette session, nous avons doublé la superficie des aires protégées sur la planète par le Patrimoine mondial”, s'est félicité le directeur adjoint de la Culture de l'organisation mondiale, Francesco Bandarin. Il a cité en particulier l'archipel des Kiribati, une zone de 400.000 km2. Au total, le Comité a inscrit quinze biens culturels, cinq naturels et un mixte, ce qui porte à 911 le nombre de sites reconnus par l'Unesco, devant être protégés pour leur caractère exceptionnel. Cette récompense n'est pas seulement honorifique. Elle a aussi un fort impact économique, notamment pour les pays en développement, car l'inscription d'un site sur la liste entraîne généralement une hausse de la fréquentation touristique et facilite le déblocage d'aides pour leur entretien. Lors de cette session, “les pays du Sud ont eu une voix très présente” parmi les 21 pays membres du Comité, a affirmé le responsable de l'Unesco. Le ministre de la Culture du Brésil, Juca Ferreira, qui a présidé la réunion, a réclamé une meilleure représentation de ces pays sur la liste du Patrimoine mondial. “Il existe un certain déséquilibre, de telle sorte que les biens culturels d'Afrique, d'Amérique latine et d'une partie de l'Asie ne sont pas aussi bien représentés” que ceux de l'ancienne culture européenne, a-t-il déploré. Une autre question est restée en suspense : la reconnaissance de patrimoines sans Etats, comme les Territoires palestiniens. “Nous tentons de promouvoir des discussions entre Israël et les représentants palestiniens”, a expliqué Francesco Bandarin qui a cité en exemple la cité de Jericho ou l'Eglise de la nativité à Bethleem. La restauration du patrimoine perdu lors du séisme dévastateur en Haïti, le 12 janvier, a aussi fait l'objet de discussions parallèles. D'autre part, l'Unesco a ajouté quatre sites à sa liste noire des sites en péril, dont le Parc national des Everglades, aux Etats-Unis. L'organisation mondiale a en revanche retiré les îles Galapagos, bien que les protecteurs de la nature jugent ces îles équatoriennes encore menacées par le tourisme ou la surpêche. La prochaine session du Comité du Patrimoine mondial de l'Unesco aura lieu en 2011 à Bahreïn.