La suprématie de l'armée syrienne sur le terrain, depuis la reprise de la ville stratégique d'El Qoussaïr, n'a pas dérouté uniquement dans les rangs de l'opposition établie à l'étranger. Elle a aussi suscité l'inquiétude au sein des soutiens occidentaux de celle-ci. Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a appelé, hier, la communauté internationale à stopper la progression vers Alep des forces syriennes soutenues, précise-t-il, par l'Iran et le Hezbollah libanais. Ils accusent ces derniers de préparer un assaut majeur contre cette ville du nord, théâtre d'âpres combats depuis plusieurs mois. Les occidentaux craignent qu'un renversement de la situation militaire au profit de l'armée syrienne, renforce la position de Bachar Al Assad, dans les futures négociations prévues en juillet à Genève. « Il faut un rééquilibrage (entre les troupes du régime et la résistance) parce qu'au cours des dernières semaines, les troupes de Bachar Al-Assad (président syrien) et, surtout, le Hezbollah et les Iraniens, avec les armes russes, ont repris un terrain considérable », a-t-il dit. Tout en plaidant pour « que les résistants (syriens) puissent se défendre, qu'ils disposent d'armes », M. Fabius a annoncé que l'accord européen pour l'armement de l'opposition armée entrera en vigueur à partir du 1er août. Cette question sera également débattue la semaine prochaine, par les Etats-Unis. D'intenses réunions sont prévues à la Maison Blanche pour trancher le sujet. Sur le terrain l'armée a repris, la veille, aux rebelles de larges secteurs de Wadi Sayeh, un quartier de la ville de Homs, dans le centre du pays, après des combats acharnés. Sur les frontières syro-libanaises, la situation s'est corsée après le bombardement par l'aviation syrienne d'une localité libanaise, Aarsal, partisane des rebelles, faisant plusieurs blessés. Cette attaque a suscité l'ire du gouvernement libanais dont l'armée a aussitôt menacé de ripostes « immédiates ». Par ailleurs, des rebelles islamistes, de confession sunnite, ont célébré la mort d'une soixantaine de chiites, en majorité des combattants et l'incendie de leurs maisons dans l'Est de la Syrie, suscitant la crainte d'un conflit confessionnel.