Ce dispositif, qui entre dans sa septième année, combine mobilisation accrue contre les infractions au code de la route, et sécurisation des plages et du littoral. Comme chaque année, l'ouverture de la saison estivale est synonyme de la mise en place d'une batterie de mesures, de moyens humains et matériels à même de faire face à la ruée massive vers les plages de millions de citoyens. Une ruée qui s'étale sur trois mois avec des pics pour juillet et août. La 7e édition du plan Delphine instauré depuis 2001 par la gendarmerie a été officiellement lancée le week-end dernier au niveau de toutes les wilayas côtières. En compagnie du colonel Abderrahmane Ayoub, responsable de la cellule communication de la Gendarmerie nationale, nous avons assisté jeudi au lancement de cette opération à Tipasa où le commandant du groupement Mohamed-Nadjib Denia a d'abord exposé la situation de la wilaya, connue pour recevoir trois fois le nombre de sa population estimée à 640 000 habitants, avant une virée sur le terrain pour constater de visu la prise en charge effective de tous les volets ayant trait audit plan. Dans un préambule, le colonel Ayoub explique que “les dispositifs à déployer doivent impérativement permettre le développement d'une activité de sécurisation de proximité efficace, d'une part, et la promptitude dans l'intervention d'autre part. De ce fait, une attention particulière est accordée à l'articulation des dispositifs de surveillance, de prévention, de contrôle et de régulation de la circulation routière particulièrement aux heures de grande affluence. De même que dans le cadre de la lutte antiterrosite, il y a mise en place du dispositif dynamique de surveillance des zones péri-urbaines permettant d'informer les autorités administratives locales sur les préoccupations des estivants à savoir notamment les conditions d'hygiène et de sécurité liées aux infrastructures de détente et de camping sur les plages”. Pour cette année, la gendarmerie a mobilisé 70 000 hommes pour assurer la sécurité du littoral. À Tipasa, le lieutenant-colonel Denia a terminé de superviser le dispositif mis en place. Sur 43 plages autorisées, 40 sont sous compétence gendarmerie. Il existe 8 centres de contrôle fixes dont entre autres : Colonel-Abbès, Corne d'Or, SET et Matarès. La wilaya qui s'étale sur 1 707 km2 et 120 km de littoral dispose d'un important réseau routier de 1 292 km dont 246 km en RN et 265 en CW. De même que deux axes importants traversent la wilaya, la RN 11 menant vers Chlef et la RN 67 qui relie le chef-lieu à Hadjout et Sidi-Rached au sud. Les routes nationales sont dotées de 12 postes de contrôle opérant sans interruption (24h/24). Les moyens mis en place sont ceux dont dispose le groupement renforcés par les escadrons 31 (Djelfa), 25 (Blida) 26 (M'sila), 2 sections d'intervention de Médéa et Djelfa, des éléments des écoles des Issers et de Sétif et les groupes cynophiles (chiens renifleurs de drogue, détecteurs d'armes et explosifs). Comme pour toutes les wilayas concernées, il est prévu des plans spéciaux pour les jours fériés et week-end. 1 170 gendarmes, 184 véhicules légers et 182 motocyclistes appuyés par des hilicoptères sont mis à contribution pour assurer une sécurité optimale dans cette wilaya appelée à faire le plein de visiteurs avant la fin du mois en cours. Jeudi, quelques familles étaient déjà sur place. Les plus téméraires ont risqué une trempette malgré une petite houle animée par un léger vent d'ouest. La grande bleue, une plage fort prisée en raison de la qualité de l'eau non polluée, de son étendue de sable fin et du décor fort agrémenté par l'arrière-pays que domine l'imposant mont Chenoua a tout pour séduire. La région qui, assure-t-on, vit dans la quiétude et la joie de vivre, a chassé depuis longtemps la peur qui régnait en maître sur cette même plage ainsi que le témoigne ce père de famille : “Il y a une dizaine d'années, cette magnifique plage nous était interdite, on ne pouvait y venir sans craindre le pire. Les obscurantistes avaient alors prononcé un tas de fetwas, toutes aussi biscornues les unes que les autres nous obligeant à déserter ce bout de paradis. Aujourd'hui c'est que du bonheur”, nous confie-t-il. À quelques mètres, ses deux enfants s'adonnent à des séries de galipettes. En tenue de plage, deux gendarmes arpentent discrètement la grande bleue que nous quittons avec regret. Sur le chemin du retour, beaucoup d'amateurs en sens inverse. La présence des hommes en vert dissuade les “dépasseurs” et autres fous du volant. Les contrôles ne semblent pas du goût de tout le monde, mais ne déplaisent pas outre mesure. Ce n'est que le début de l'été. Ali Farès