Par ces mois de spéculation effrénée sur les prix des viandes, les gens se trouvent des vertus de végétariens. La fameuse Tchektchouka reprend du service en s'installant sur les tables des Algériens. Nous voilà parés pour un met devenu désormais clé de voûte de toutes les bourses. On aura certes mis longtemps pour comprendre que le consommateur est roi dans le choix. Il peut à lui seul juguler toutes les tentatives de hausse de prix. Et s'il se mettait à bouder la viande le temps que cette dernière vienne à lui ? Rien de compliqué pour apaiser une mercuriale en folie, il suffit d'une petite grève du couffin pour ramener le marché à sa juste valeur. Pour le moment on fait venir de la viande de l'Inde pour contrecarrer la locale devenue indomptable. Et l'escalope de dinde fait de la voltige en s'invitant dans la case des grands prix alors que le poulet prend déjà ces distances avec la classe moyenne après avoir largement distancé celle des pauvres. Et dire qu'il faut un tout pour faire notre chorba, dont le prix reviendra au bas mot à 500 DA jour. Mais dans cet environnement où les lois ont peu de prises sur un marché anarchique, la rationalité des choses peut toujours être payante. En évitant d'abord d'acheter à tout va pour assouvir les effets d'un jeun que nos compatriotes assimilent à une frustration. Une de plus. La stratégie de consommation doit s'appliquer en fonction …de l'adversaire. Plus c'est cher, moins on en achète. Aujourd'hui, le masochisme ambiant intervient dans le bâton et la carotte que nous tendent les spéculateurs : On paie d'abord, puis en réclame ! Cette devise bien connue des commerçants tient d'une philosophie de la «Baraka» sur qui on mise pour aspirer à l'opulence.