Frustration n Même si les prix des viandes connaissent parfois une baisse, celle-ci n'est que momentanée. Franchir le seuil d?une boucherie représente, pour nombre d?entre nous, un pari risqué. Pourtant, traditionnellement, l?Algérien est connu pour être un grand amateur de viande ovine et notre gastronomie en témoigne. Mais au fil des ans, le consommateur à faible revenu a été amené à devenir végétarien malgré lui. Une conséquence presque normale au vu de l?augmentation soutenue des prix des produits carnés dont on ne sait si elle est le résultat de la faible productivité animale qui n?a pas suivi l?explosion démographique qu?a connue notre pays, ou de pratiques mafieuses tendant à maintenir le cours des viandes en hausse constante. C'est certainement la conjugaison de tous ces facteurs qui fait que les produits animaux sont «boycottés» par les consommateurs et ce, même quand il est constaté, épisodiquement, une baisse relative et momentanée des prix. Les pluies abondantes sur l?ensemble du territoire national ces dernières années, faisant reverdir les pâturages, n?ont eu, paradoxalement, qu'un effet limité et momentané sur le prix de la viande de mouton. Les prix sont toujours élevés malgré la relative baisse et stabilité qu'ils ont connues, ces derniers mois, passant de 850 DA le kilogramme à 650 DA, voire 570 DA, soit près du dixième du salaire minimum du simple fonctionnaire. La liberté des prix étant désormais consacrée, libéralisation de l?économie oblige, la viande de b?uf et celle du poulet suivent tout naturellement la courbe en s?affichant, il y a à peine quelque temps, à 600 et 210 DA le kilogramme. Cette situation a été à l?origine, durant le mois de ramadan 2004, de l?immense scandale qui a mis a nu les pratiques véreuses de certains bouchers : de nombreux consommateurs, contraints d?acheter de la viande pour donner un peu de goût à leur chorba quotidienne en ce mois sacré et croyant faire une bonne affaire en se voyant proposer par certains bouchers de la viande de b?uf à un prix concurrentiel, découvrirent effarés ; un peu tard, qu?ils avaient donné à consommer aux membres de leur famille de la viande? d?âne.