Par les temps qui courent, le boucher fait dans la dentelle pour miroiter des prix exorbitants. Il est monté au créneau depuis l'arrivée du mois sacré du ramadhan. Nous, Jeûneurs que nous sommes, avions bien réalisé qu'il faut se prosterner devant un gigot mouton pour prétendre à un petit morceau dans la chorba. Lui, le maître de cérémonie, dans son magnifique tablier blanc maculé, nous convie au premier et deuxième choix, enfin le troisième pour les adeptes d'abats. La plupart des ménagères optent pour la viande hachée congelée, elle leur coûte le prix de leur bourse. En mauvais végétariens que nous sommes, la boulimie commence à nous esquinter l'estomac. L'effet bourrage au bourek truffé de viande hachée atteint son pic. Il n'y a pas de foyer sans bourek, histoire de tromper l'œil. Pour les viscères, tripes et autres c'est devenu presque une inévitable tournée des ducs pour s'arracher des « tripes ». Une « douara » est aligné désormais, sur le prix de la viande. Pour le foie, c'est une véritable profession de foi ….il faudra une saignée financière pour gagner ce noble organe. Nous voici embarqués dans une grande farandole de dupes dont le consommateur devient victime. Il ne se passe pas un jour sans viande, tout le budget repose sur cette matière. Dans cette fournaise des prix, il devient de plus en plus difficile d'accomplir les dix derniers jours du ramadhan. Une véritable course marathon contre la montre et la poche, on s'empresse d'allier l'utile à l'agréable pour joindre les deux bouts. Dans cette course effrénée à la bouffe, il y a de quoi s'en prendre la tête pour devenir végétarien. Il nous faudra un sacré coup de bélier pour apprendre à mieux gérer notre tube digestif. De tous les tracas quotidiens, le couffin du ramadhan est encore là à hanter les esprits pendant longtemps, il est là pour s'installer au-delà du mois du jeûne. On n'est pas encore prêt à voir notre morceau de viande revu à la baisse. Dans cet infernal mercuriale qui ne dit pas son nom, il y a ce qu'on appelle une tête de veau à prendre. Paraît-il que le boucher se ferait un malin plaisir pour l'enfiler à un prix moindre. Quand bien même, on arrive bien à achever les bœufs.