La force internationale d'assistance à la sécurité de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord a clos, hier, le processus de retrait qu'elle a entamé en juillet 2011. Elle a transféré aux Afghans, lors de la cérémonie officielle de passage de témoin organisée à Kaboul, le contrôle de la sécurité des 95 districts de Helmand, Kandahar, Khost, Paktia et Kunar qu'elle contrôlait encore avec ses 100.000 hommes, dont la majeure partie doit quitter les lieux en 2014. « Nos troupes auront la responsabilité de la sécurité » du pays et « mèneront désormais les opérations », affirme le président Hamid Karzaï. « Les forces afghanes prennent le relais avec une détermination remarquable, et méritent le soutien de l'ensemble du peuple afghan », déclare Anders Fogh, le secrétaire général de l'Otan, dont le rôle seraient limité au « soutien aérien en cas d'attaque sérieuse » et à « la formation des 350.000 membres des forces de sécurité afghanes (soldats, policiers et paramilitaires) ». Aussitôt ce « transfert » signé–même si nombre d'observateurs doutent de la capacité des forces afghanes à assurer seules la sécurité du pays, notamment à l'approche d'une élection présidentielle incertaine–,Karzaï annonce une prise de contact avec les talibans, ceux-là mêmes qui ont été chassés du pouvoir par les Occidentaux à la fin 2001 et qui ont gagné du terrain ces dernières années ! Des émissaires seraient en route pour le Qatar. Mission : s'entendre avec les talibans pour mettre fin à près de douze ans de guerre. Mission périlleuse : les talibans ont régulièrement refusé de discuter avec Karzaï qualifié de « marionnette des Etats-Unis ». Ces derniers exigent des Talibans le respect de la Constitution afghane et la rupture de leurs liens avec al-Qaïda. Chez le voisin russe, ce « retrait » est mal vu. Il pourrait avoir des conséquences tragiques, prévient Vladimir Poutine, le président russe. « La production et le trafic des opiacés afghans n'est pas seulement un problème pour la Russie et les pays frontaliers, c'est aussi celui de l'Europe, des Etats-Unis et du Canada », dit-il lors de la conférence internationale des forces de l'ordre pour la lutte contre le trafic de drogue. « Comme Kaboul ne dispose pas de moyens suffisants pour lutter contre le trafic de drogue, les conséquences de cette démarche sont susceptibles d'être vraiment déplorables, sinon tragiques », prévient le président russe. « Nous avons l'impression que les Américains et leurs alliés précipitent le processus de transfert du contrôle de la sécurité aux Afghans sans prendre en compte la situation dans les régions où ce transfert est réalisé », déclare le ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Lavrov.