La coupe est pleine pour les Brésiliens, une année avant la coupe du monde. Plus de 200.000 personnes ont violemment manifesté, dans la nuit de lundi à mardi, à travers les plus grandes villes de ce pays émergent pour protester contre l'augmentation des tarifs des transports publics et les dépenses engagées pour préparer la Coupe du monde de football l'an prochain ainsi que des jeux Olympiques prévus en 2016. Il s'agit des plus importantes mobilisations populaires en 20 ans, depuis celles dirigées en 1992 contre la corruption du gouvernement de l'ex-président Fernando Collor de Mello. La manifestation de Rio, la plus massive et la plus violente du pays, a réuni 100.000 personnes bien décidées d'en découdre. D'abord pacifique, la contestation a vite dégénéré. Les protestataires ont incendié des voitures et des poubelles, cassé les vitrines de banques et pillé des commerces. Un groupe de quelques dizaines de personnes a pris d'assaut le parlement de l'Etat de Rio à coups de pierres et de cocktails Molotov. D'autres manifestants ont tiré des feux d'artifice sur la police retranchée dans le bâtiment qui ripostait, à son tour, avec des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc. Cinq de ses éléments ont été blessés. Scandant des slogans anti-gouvernement, les protestataires réclamaient des investissements dans la santé et l'éducation. Dans une volonté d'apaisement, la présidente Dilma Rousseff a affirmé quelques heures plus tard que « les manifestations pacifiques sont légitimes et propres à la démocratie ». Mais son ministre des Sports, Aldo Rebelo, n'entend pas laisser ternir l'image de l'événement et surtout, le prochain Mondial. « Nous ne permettrons pas que des manifestations perturbent les événements que nous nous sommes engagés à réaliser. Celui qui croit pouvoir empêcher la réalisation de ces événements fera face à la détermination du gouvernement de l'en empêcher », a-t-il mis en garde. Cette fronde surgit alors que le Brésil, qui occupe la place de sixième puissance économique mondiale, après des années d'un vigoureux développement économique et social, traverse une passe délicate marquée par une croissance en berne et une poussée de l'inflation notamment sur le prix des denrées alimentaires. Résultat des courses : la popularité du gouvernement a chuté de huit points en juin, pour la première fois depuis l'élection à la présidence en 2011 de Mme Rousseff.