Au lendemain de l'agression israélienne contre un point de contrôle de l'armée libanaise à Aadaissé (sud du Liban), la Communauté internationale, redoutant une guerre similaire à celle de 2006, s'est dite préoccupée par l'escalade de tensions entre les deux pays. Le premier signal d'alerte a été donné à New York. Le SG de l'Onu, Ban Ki-moon, s'est déclaré «inquiet». Déplorant les pertes humaines lors de ces affrontements, il a appelé à la «retenue», au respect de la Résolution 1701 du Conseil de sécurité et au travail avec la Force intérimaire de l'Onu (Finul) afin de rétablir «le plus vite possible» le calme dans le sud libanais. Washington et Paris se sont aussi déclarés «extrêmement préoccupés». Le porte-parole du département d'Etat, Philip Crowley a annoncé que les Etats-Unis appellent «à faire preuve d'un maximum de retenue pour éviter une escalade et à maintenir le cessez-le-feu actuellement en vigueur». Pour sa part, le ministre français des AE, Bernard Kouchner, a exhorté le Liban et Israël «au sens des responsabilités et au plein respect de la ligne bleue», conformément à la résolution 1701. L'Occident s'est également exprimé par la voix de la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, qui a appelé à prendre des mesures immédiates afin d'éviter une aggravation de la tension ou toute forme de violence supplémentaire, soutenant l'idée d'une enquête complète et immédiate sur ces événements. Au Caire, la Ligue arabe a condamné les agissements d'Israël, appelant la Communauté internationale d'intervenir pour mettre fin aux violations israéliennes de la Résolution 1701. Néanmoins, la réaction la plus vive vient de Téhéran dénonçant l'«assaut délirant» mené par Israël et inquiète des perceptives d'une «nouvelle aventure» israélienne contre le Liban. Le Président Ahmadinedjad a indiqué que l'attaque «prouve que l'occupant sioniste ne veut pas parvenir à la paix dans la région». La mobilisation de la communauté internationale a-t-elle permis d'éviter le pire ? En tous les cas, Tel-Aviv, après avoir déraciné l'arbre de toutes les tensions, tente de baisser la tension avec le Liban. A l'issue d'une réunion du cabinet de sécurité, le ministre de la Défense israélien, Ehud Barak, a déclaré : «J'espère qu'il n'y aura pas d'escalade (…) et que les choses vont redevenir normales. Il faut agir de telle sorte qu'un incident local ne dégénère pas en une véritable crise». Mais, ces affirmations contredisent la réalité sur le terrain. La radio militaire israélienne a indiqué que Tsahal avait déployé dans la matinée d'hier d'importants renforts dans le secteur frontalier, dont des véhicules blindés. «L'incident de mardi n'a pas été programmé par l'état-major de l'armée libanaise à Beyrouth ni par le Hezbollah», a cependant reconnu Ehud Barak, tout en prévenant qu'Israël réagirait «à toute provocation». Le même discours se fait entendre au pays du Cèdre. Mardi soir, le Hezbollah, affirmant qu'il a décidé de ne pas intervenir dans les heurts à la frontière, a averti qu'il n'hésiterait pas à le faire en cas de «nouvelle agression». A l'occasion du 4e anniversaire de la fin de la guerre de 2006 entre le Hezbollah et Israël, le chef du mouvement, Hassan Nasrallah, a soutenu devant des milliers de Libanais que «dans tout lieu où l'armée sera agressée et où se trouverait la Résistance Hezbollah, celle-ci ne restera ni silencieuse ni disciplinée». Le leader charismatique du mouvement chiite libanais a averti que «nous couperons la main israélienne qui portera atteinte à l'armée libanaise». L'armée se place sur le terrain de la résistance du Hezbollah. Un porte-parole de l'armée libanaise a clairement soutenu que «toute agression sera lourde de conséquences». Fini le temps du diktat israélien ?