La balance commerciale entre l'Algérie et l'Union européenne (UE) n'est pas équilibrée. Les exportations algériens sont minimes, voire insignifiantes. Une raison pour laquelle l'Algérie devra penser « à geler l'accord d'association avec l'UE » le temps « de mettre nos entreprises à niveau et leur permettre d'être compétitives ». C'est l'avis d'Ali Bey Nasri, consultant international et président de l'Association nationale des exportateurs algériens (Anexa). Intervenant, hier, lors d'un séminaire organisé par la Chambre algérienne de commerce et d'industrie (Caci) sur « l'accord préférentiel Algérie-Union européenne », à Alger, Ali Bey Nasri a été très critique sur les tenants et les aboutissants de cet accord qui a engendré, selon lui, des pertes estimées entre 2,5 milliards et 3 milliards de dollars annuellement du fait du manque de perception de taxes douanières. Il a cité l'exemple du sucre indiquant que les pertes fiscales sont estimées à 20 milliards de dinars. Ce qui l'amène à dire que l'Algérie doit réduire sa facture des importations européennes. Une facture qui se chiffre actuellement à 23 milliards d'euros, principalement de la France (7 milliards). Autre effet de cet accord avec l'UE : la pérennité de l'industrie nationale. « Celle-ci est aujourd'hui menacée », a-t-il insisté tout en rappelant que le gouvernement algérien avait demandé, en 2010, dans le cadre des négociations, de revoir les articles 11 et 16 qui concernent les produits industriels et agricoles, prévoyant initialement une période de démantèlement progressif à l'horizon de 2017. L'autre point qui peut constituer une menace pour notre commerce concerne le principe de la réciprocité et de la compensation imposé par l'Union européenne. « Ce principe est préjudiciable pour l'Algérie, voire dangereux pour notre industrie. Il faut qu'il y ait un équilibre dans les échanges commerciaux. Ce qui n'est pas le cas. Le sucre européen est soumis à 30% de droit de douane alors que celui de l'Algérie à 100%. Contrairement à l'Algérie, l'UE se protège à travers plusieurs systèmes », explique-t-il. Selon le président de la l'Anexa, l'Algérie devrait avoir une vision d'intégration dans l'espace de l'Union européenne surtout que le nombre de ses membres devra s'élargir à 32 pays à l'horizon 2015. « Le secteur agricole constitue un créneau potentiel à développer pour l'exportation », a-t-il suggéré avant de souligner que l'Algérie peut se frayer un chemin sur le marché européen avec ses produits bio. Encore faut-il « réorganiser l'agriculture » qui, à ses yeux, reste « un secteur informel ».