Célébrée jeudi, au Centre de recherche sur les énergies renouvelables (CDER), à Bouzaréah, cette journée a été l'occasion de revenir sur la situation des énergies renouvelables en Algérie. Encore à « l'état embryonnaire », dans le cadre du programme national des énergies renouvelables, la production d'électricité à partir du solaire reste « infime » alors que les 2,13 milliards de dollars de subvention consacré annuellement au soutien des prix de l'électricité, peuvent servir de financement à la filière solaire et mettre ainsi fin à la dépendance du pays aux énergies fossiles, a indiqué à Horizons, Samy Bouchaïb, chercheur au CDER, dans cet entretien accordé en marge de la cérémonie de célébration du Solstice d'été 2013. Comment définissez-vous le solstice d'été ? Le solstice d'été, le 21 juine, est la journée la plus longue de l'année. Il survient quand l'inclinaison relative de l'axe de la terre est très importante par rapport à l'axe de rotation sur son orbite. En d'autres termes, l'axe de rotation de la terre est plus incliné par rapport au soleil. Donc, plus d'ensoleillement, car la partie nord de l'hémisphère est plus proche de l'astre. D'où le fait que l'hémisphère nord reçoit plus d'énergie solaire. Le solstice d'hiver, le 21 décembre, est le jour le plus court, soit celui où l'on reçoit le moins d'énergie solaire. En été, il est possible de produire plus d'énergie solaire. Qu'en est-il du stockage ? Le stockage est possible entre un et trois jours maximum. Il n'est pas possible de stocker pour une longue durée. C'est très difficile, c'est un réel challenge. On stocke l'énergie durant la journée pour son utilisation le soir. Il existe des techniques comme des batteries de nouvelles générations, pour les gros systèmes comme les CSP (concentrateurs solaires), technique utilisée dans la station hybride de Hassi R'mel. Elle ne fait pas de stockage pour l'instant. Il existe des stations qui en font surtout en Espagne. Les nouvelles tendances de stockage d'énergie se font sur les sels fondus chauffés à très hautes températures qui atteignent les 800°C en réutilisant l'énergie produite en surplus pour en fabriquer encore. Cette technique est-elle utilisée en Algérie ? Non. Nous sommes encore à l'état embryonnaire de notre programme d'énergies renouvelables. Le niveau de production d'électricité à partir des énergies renouvelables est infime. Actuellement, ce qui est fait en la matière en Algérie concerne les zones isolées avec les villages pilotes équipés de panneaux, notamment au Sud et dans les Hauts Plateaux alimentés en photovoltaïque. Le programme national prévoit un investissement de 60 milliards (Mds) de dollars pour produire 12 gigawatts en Algérie d'ici 2030. Sur 20 ans, 60 Mds de dollars, c'est 3 Mds de dollars par an. On peut arriver à produire au moins 20 % de la production nationale à partir des énergies renouvelables. Que peut-on faire avec cette énergie au moment où l'Etat parle d'abandon du projet Desertec ? La directive européenne n° 9 fait que l'exportation des énergies renouvelables vers l'Europe n'est plus encouragée. Les Européens doivent d'abord consommer leur énergie pour encourager leur industrie et, en cas de déficit, ils importeront. L'Algérie devra produire pour le marché intérieur. Pour l'export, le transport est très problématique. Qu'en est-il du réseau CHEMS ? L'Office national de météorologie (ONM) mesure la durée d'ensoleillement. Par contre, nous avons lancé l'an dernier, le réseau de mesure Chems. Ce qui nous intéresse, c'est le rayonnement direct du soleil. Donc, on suit le soleil avec des capteurs durant toute la journée, pour avoir des données sur son rayonnement horizontal, son rayonnement direct et diffus, même s'il n'y a pas de soleil apparent. Aujourd'hui, il existe une station à Bouzaréah, prochainement il y en aura à Bou Ismail, Ghardaia et à Boughezoul. Cette dernière est inscrite dans le programme du Pnud en tant que ville à 0 % émission de CO2 (dioxyde de carbone). Le ministre des Finances a annoncé, il y a deux mois, que les subventions de l'Etat à l'énergie sont estimées à 10 milliards de dollars dont plus de 2 milliards de dollars à l'électricité et au gaz. C'est énorme !