Faire le plein relève du domaine du rêve. Les stations Naftal ne savent plus à quel saint se vouer. Des queues interminables sont constatées à longueur de journée. A travers toute la région, faire le plein est devenu un véritable tour de force. Si les automobilistes ont la chance de trouver une station-service qui n'est pas encore à court de carburant, ils ne vont pas pour autant échapper au scénario connu au préalable : des heures de queue, avant d'avoir la chance d'obtenir l'équivalent de 500 dinars en essence ou 1.000 dinars en gasoil. Pas une goutte de plus. Un arrêté dans ce sens a été diffusé à toutes les stations Naftal. Motif : réduire la fuite de ce liquide vers le Maroc. Mais cette décision n'a pas été du goût ni des gérants des stations d'essence ni des agriculteurs en cette période de moissons-battages. Plusieurs axes routiers ont été bloqués par les automobilistes pour dénoncer « la sécheresse au niveau des stations Naftal ». Du côté du littoral, notamment Marsat Ben M'hidi, des estivants étrangers à la wilaya, coincés, ont recours à l'achat de ce précieux liquide à raison de 50 dinars le litre. « J'ai regretté d'avoir choisi Tlemcen pour quelques jours de vacances. Imaginez tout le mal que j'ai à m'approvisionner en carburant » fera observer avec amertume un touriste de Blida. Le marché du carburant au niveau de la région frontalière est contrôlé par une bande de contrebandiers. Et malgré les saisies record, le fuel passe à flots la frontière. Derrière le déficit de carburant qui menace de paralyser cette région, en cette période où Tlemcen enregistre annuellement plus de 2 millions 500.000 touristes nationaux et même des internationaux, se profile une réelle crise provoquée par le marché parallèle. Et de ce fait, c'est la flambée du carburant. Inquiétante situation que subissent non seulement les transporteurs, mais aussi les agriculteurs et les estivants. « Seule une opération coup-de-poing est en mesure de désamorcer la crise actuelle » soulignent bon nombre d'observateurs qui, d'un doigt accusateur, désignent les contrebandiers qui sévissent le long d'un territoire long de 170 km (de El Kasdir à Naama jusqu'au site balnéaire de Marsat Ben m'hidi de Tlemcen). D'ailleurs, la situation ne cesse de s'envenimer depuis presque 10 jours. Toutes les villes de la wilaya de Tlemcen sont touchées par ce fléau. D'interminables files de voitures se forment devant les stations-service. L'origine de la crise reste floue. Naftal refuse de donner des informations. Les automobilistes accusent les gérants de stations. Ceux-ci démentent toutes ces allégations et font valoir plutôt des lenteurs dans le ravitaillement des citernes. Nul ne peut nier que la région connaît des crises de carburant récurrentes. Les queues devant les stations commencent à se former dès 4 heures du matin. Même les mesures interdisant la vente de carburant dans des jerricans ne sont pas respectées. Au niveau de chaque station, c'est la galère. Des rixes. La débandade.