Les localités frontalières avec le Maroc de la wilaya de Tlemcen ont vécu un vendredi très agité marqué par des émeutes, des routes coupées à la circulation et des disputes au niveau des stations-service. Les citoyens entendaient protester contre la note du wali portant rationnement du carburant dans les pompes à essence et la diminution de l'approvisionnement pour Naftal. Cette décision s'est vite fait ressentir au niveau des stations-service débordées par l'afflux des demandeurs de carburants dont les fellahs et les estivants. Cette région où le carburant manquait toujours en raison des contrebandiers dits «hallaba» agissent à grande échelle. Ainsi, dans l'après-midi de vendredi, juste après la prière, des milliers de citoyens sont sortis dans la rue pour dénoncer cette décision qui a plongé la wilaya dans une crise de carburant sans précédent. A Marsat Ben M'hidi, Bab El Assa, Boukanoun, Souk Tleta, Souahlia, Maghnia et dans d'autres localités de la bande frontalière, la population a procédé à la fermeture des axes routiers à l'aide de pneus enflammés et de grosses pierres. Tous les accès routiers menant vers leurs localités notamment vers la station balnéaire de Marsat Ben M'hidi étaient inaccessibles. Une vive tension a gagné toute cette région où les «hallaba» se sont mêlés à la manifestation en obstruant le tronçon routier entre Bab El Assa à Marsat Ben M'hidi créant un embouteillage de plusieurs kilomètres des deux côtés de cette unique voie d'accès. L'intervention pacifique des éléments de la Gendarmerie nationale et des élus des communes concernées a permis d'établir un dialogue avec les manifestants qui s'est soldé, en fin d'après-midi, par un accord portant sur plusieurs points dont le plus important reste le gel de la note du wali. Les citoyens expliquent cette demande en affirmant qu'ils «n'ont rien à avoir avec cette crise de carburant». La campagne moisson-battage compromise ? «Les trafiquants sont connus de tous et l'Etat a les moyens de les combattre sans porter atteinte aux droits légitimes des citoyens», ont estimé des protestataires, ajoutant qu'ils sont vivement pénalisés par la note du wali. «On reste toute une journée à attendre notre tour avant de se faire servir pour 500 dinars et pas plus par les pompistes», ont-ils ajouté soulignant que «la faute incombe aux ‘‘hallabas'' qui ne trouvent aucune difficulté à faire leur plein de carburant». Ils soulignent que «les hallaba n'arrêteront jamais leur trafic. Il faut les combattre au lieu de pénaliser les honnêtes citoyens». Des disputes ont aussi éclaté dans les stations-service du Grand Tlemcen où les citoyens étaient opposés aux pompistes ou aux «hallaba». A Maghnia, les citoyens ont empêché les «hallaba» d'entrer à la station-service située à la sortie ouest de la ville. Ce qui a soulevé un tollé général et une dispute généralisée qui ont contraint à la fermeture de la station après l'intervention des forces de sécurité. Les plus pénalisés semblent être les agriculteurs qui ont passé presqu'une journée dans l'attente d'être servis. Ils affirment «qu'ils ne savent plus à quel saint se vouer et à quel responsable se plaindre car c'est toute la campagne moisson-battage qui est compromise» d'autant plus que, selon les gérants des stations-service, «les quotas destinés aux fellahs ont été largement diminués». Cette situation ne s'est pas répercutée négativement uniquement sur les fellahs qui ont besoin d'un quota conséquent en cette campagne de moisson-battage mais aussi sur la saison estivale qui est compromise pour la commune de Marsat Ben M'hidi qui accueille chaque année des millions d'estivants venant de la wilaya de Tlemcen et de différentes régions du pays. D'où un énorme manque à gagner pour cette collectivité qui ne vit pratiquement que du tourisme estival. Notons que devant cette crise, le litre de carburant est cédé à Maghnia à 60 dinars le litre au marché noir.