Que savons-nous de ces Algériennes illustres qui ont marqué leur temps et le devenir des femmes par leurs actions, leurs faits autres que révolutionnaires ? Peu ou presque rien. Ainsi en est-il de Aldjia Nouredine Benallègue qui a obtenu il y a 64 ans son doctorat pour devenir une année après membre de la société algérienne de pédiatrie. Un destin hors du commun que cette femme originaire du village Ath Halli dans la daïra de Larbaa N'Ath Iraten a connu. Son chemin de vie a étédifférent de beaucoup de celui d'autres filles algériennes du fait d'une part de l'époque coloniale et d'autre part d'une société fermée, conservatrice que la colonisation a tenu à l'écart du monde moderne. «Fi des études destinées aux filles», pensait-on alors. Que dire du lycée ou de l'université ? Impensable ! Eh bien, comme dit l'adage «l'exception ne fait pas la règle». Dans la famille Nouredine en ce début du 20ème siècle la destinée inscrira sur ses tablettes pérennes que Aldjia (poupée en berbère) deviendra médecin. Ce n'est pas peu au sein de la société algérienne. Le docteur Aldjia Nouredine Benallègue est née le 28 juin 1919 en Kabylie. A 27 ans elle obtient son doctorat en médecine. Cette femme remarquable doit à son père, Amar Noureddine, non moins remarquable, normalien de la première heure, encouragements et appui nécessaires pour poursuivre ses études. Il fallait une sacrée dose de témérité pour le père et la fille à devoir affronter un milieu social où l'ordre coutumier et ses rigueurs tiennent lieu de loi. De surcroît dans les régions montagneuses, un arrière-pays bien implanté dans sa rudesse de penser. Elle devint médecin, pionnière en ce domaine où même les hommes d'origine « indigène » n'y accédaient que difficilement. Une autre pionnière. Zohra Ben Toucha, première sage femme algérienne qui réussit son diplôme de sage femme auprès de la faculté de médecine d'Alger en…1935. Soit près d'une décennie avant Aldjia Nouredine Benallègue. Il y a 73 ans cette femme, née à Collo a déserté grâce à des études menées de front, les sentiers martelés par la tradition et le clan fermé des «matrones» alors nombreuses dans nos villes et campagnes, venant en aide aux femmes sur le point d'accoucher.