Le secrétaire d'Etat américain rencontrera, aujourd'hui à Amman, une délégation des ministres arabes des Affaires étrangères conduite par Nabil al-Arabi, le secrétaire général de la Ligue, pour « faire le point sur la paix au Proche-Orient », « parler de la situation en Egypte et en Syrie » et « examiner les répercussions de ces crises sur les pays voisins et le dialogue israélo-palestinien ». Outre le roi Abdallah II, son homologue jordanien Nasser Jawdeh, et un responsable égyptien de haut niveau, probablement Mohamed ElBaradei, il pourrait rencontrer, selon la porte-parole du département d'Etat, Jennifer Psaki, le président palestinien Mahmoud Abbas et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Dans la région, tout le monde se demande si pour ce sixième voyage, Kerry a de nouvelles idées. « Il ne retournerait pas dans la région s'il n'avait pas le sentiment qu'il existe une occasion d'aller de l'avant et d'informer les délégués de la Ligue arabe de l'évolution des choses », déclare Jen Psaki. Le secrétaire d'Etat, qui a revendiqué des progrès dans le processus de paix, fin juin, à l'issue d'une mission marathon, pourrait, laisse-t-on entendre, annoncer un sommet à quatre (Etats-Unis, Israël, Jordanie et Palestine). Un sommet qui apparaît pour le moins difficile pour l'heure : Abbas exige, pour reprendre les négociations, le gel total de la colonisation et une référence aux lignes d'avant-l'occupation israélienne des territoires palestiniens en juin 1967 comme base de discussions. Netanyahu qui n'exclut pas des « gestes de bonne volonté », comme la libération de prisonniers, refuse d'entendre parler de toute exigence. Il veut des négociations sans « conditions préalables ». Certains observateurs de la scène arabe affirment que la Jordanie, qui a gouverné la Cisjordanie de 1949-1967, cherche à jouer un rôle plus important dans les affaires palestiniennes. Le roi Abdallah envisagerait la possibilité d'une confédération avec la Cisjordanie. En décembre 2012, Mahmoud Abbas, qui n'arrive toujours pas à se réconcilier avec le Hamas qui gouverne Ghaza, a déclaré à son cabinet qu'il devait se préparer, en l'absence d'une réalité des deux Etats (Israël et Palestine), à cette possibilité. Une chose est désormais certaine. Kerry consacrera une partie de ses efforts à Amman sur une implication jordanienne dans les affaires palestiniennes qu'il veut plus importante. D'autant que son département ne semble plus disposé à continuer à apporter des aides financières à des responsables palestiniens qui s'attachent à poser des conditions à la reprise des négociations. Parallèlement à ces discussions sans fin, Israël poursuit sa colonisation de la Cisjordanie et d'al-Qods-Est. Et le peuple palestinien, sa résistance. Lundi, il a observé une grève générale dans les villes arabes. Motif de cette énième protesta : son rejet de la loi Prawer. Adoptée en juin dernier par la Knesset, cette « énième expression du sionisme colonial » ambitionne de réaliser un nettoyage ethnico-religieux d'une partie de la Palestine. Comment ? En permettant, loin des projecteurs, un nouveau chapitre de la Nakba : expulsion de 70.000 Palestiniens du Néguev vers des zones urbaines sous-équipées de 7 villes de regroupement, destruction de 36 villages et confiscation de 70.000 hectares de terres.