L'Algérie, à l'instar de bon nombre de pays musulmans, a la possibilité de promouvoir un « troisième secteur de développement socio-économique », celui de bienfaisance et d'exploitation des domaines wakfs. C'est ce qu'a préconisé, hier, le Pr Mohamed Boudjellal, expert économiste, invité du forum d'El Moudjahid. Selon lui, la finance islamique est l'instrument le plus approprié pour faire développer les projets au profit de toute la société et des catégories démunies. Pour cet expert, l'Algérie doit trouver les mécanismes adéquats pour faire des domaines wakfs une véritable institution. « La volonté y est, il suffit seulement de promulguer des textes de loi pour faire aboutir cet objectif », a-t-il souligné, attestant que « le principe de la finance islamique est un rempart contre la dérive dans la finance conventionnelle ». Ce principe fait d'ailleurs l'objet d'un module enseigné dans plusieurs universités de pays occidentaux. A l'image de la zakat, un des piliers de l'Islam, qui ne cesse de donner ses fruits en finançant de nombreux projets, créant jusqu'à présent 20.000 emplois, sans aucune incidence financière sur la trésorerie publique. 79 milliards de centimes, c'est le montant global de la zakat au titre de cette année, répartis au profit des familles nécessiteuses quelques jours avant le ramadhan. Sur les biens wakfs, Abdelwahab Bertima, directeur central au ministère des Affaires religieuses et des Wakfs, a indiqué que 9.085 ont été recensés. 60% de ces domaines, mis au service des actes de bienfaisance, sont constitués d'habitations dont la majorité est mitoyenne des mosquées alors que 8,6% sont des terrains pouvant servir à des investissements de grande envergure. Le wakf étant un élément essentiel dans le développement de l'économie islamique, c'est dans ce cadre que s'inscrit le lancement, au courant de cette année, de la réalisation de 35 projets sur des domaines wakfs dont un s'étendant sur une superficie de 1,5 hectare dans la commune de Bir Mourad Raïs. Ce projet s'ajoute à la réalisation de complexes wakfs dans six wilayas pilotes : Blida, Ouargla, Bechar, Mascara, Sétif et Annaba. Des réalisations nécessitant l'institution d'une association regroupant experts et société civile, pour l'ouverture d'un wakf monétaire, « instrument pour le refinancement de certaines institutions financières ». Pour M. Bertima, les Algériens ont la possibilité de le faire. A l'exemple de l'implication des citoyens dans plusieurs actes de bienfaisance, notamment la construction de mosquées. « L'apport des citoyens, à titre bénévole, dans de tels projets, est estimé à 240 milliards de centimes », a relevé ce même responsable.