Du côté du centre commercial Ardis, le ton est donné. Il est 22 h, les portes du centre commercial sont closes mais déjà une foule compacte se forme à l'extérieur. Les agents de sécurité, épaulés par des membres de la Sûreté nationale, sont sur place, régulant le flux. A 22h16, pas la moindre place au parking, qui peut accueillir plus de 1 000 voitures. Il faut faire plusieurs tours pour pouvoir dénicher un endroit où stationner. Ardis Medina Center et l'installation du cirque Amar (El Florilègio) ont boosté les arrivées et hissé cette destination parmi les plus convoitées. Installé au niveau du parking à titre gracieux, le chapiteau attire une foule majoritairement juvénile. Il est à peine 22h30 et une immense queue se forme devant les guichets. Les prix des billets, 1. 500 DA, 1 000 DA et 900 DA n'ont pas freiné les mordus des spectacles et des animations particulières. L'autre attraction, les nuits de Mobilis qui viennent s'installer pour la deuxième année consécutive en plaçant une agence qui offre tous les services qu'on peut trouver dans les autres agences. Les visiteurs du centre Ardis pourront voir dans les prochains jours un espace gala pour les férus de la musique et un autre d'attraction réservé aux enfants. « Je préfère venir ici. C'est proche de mon domicile, je peux me déplacer seule avec mes enfants en toute sécurité, et c'est familial », explique une quadragénaire accompagnée de sa fille de 18 ans et de son garçon de 8 ans. Notre interlocutrice avoue ramener de chez elle du thé et du kalbelouz. « Une manière de ne pas dépenser plus, vous savez parfaitement que durant ce mois les dépenses quadruplent. » D'autres joignent l'utile à l'agréable, ils regroupent achats et divertissement. C'est le cas de ce jeune couple avec leur bébé. « La journée, on travaille tous les deux et point de temps pour effectuer les achats. Notre déplacement à Ardis nous assure deux choses : faire des emplettes et casser la monotonie en prenant un bol d'air. » En effet, pour le mois de Ramadhan, les Algérois bousculent leurs habitudes et sortent le soir pour se divertir entre amis ou en famille, dans des endroits publics, et l'esplanade du centre Ardis donnant sur la baie répond au mieux à cet engouement, d'autant que la largeur des trottoirs sied parfaitement au désir des enfants de jouer. Vélo, trottinette, rollers et mini-voitures sont déballés pour l'occasion. Les parents veillent au grain pour éviter tout accident dans ce brouhaha indescriptible. L'arrivée en masse de ces citoyens, de potentiels acheteurs, n'a pas échappé aux vendeurs de gadgets. Des poupées, des toupies lumineuses, des ballons longiformes et des masques sont proposés aux gamins. Cette présence informelle n'embarrasse nullement les agents de sécurité qui à chaque fois demandent à ces revendeurs de se mettre sur le bas-côté de la chaussée pour ne pas gêner les visiteurs. L'allégresse des enfants courant dans tous les sens apporte une animation particulière à cet endroit que certains fréquentent pour son ouverture sur la mer. Des familles, des jeunes filles mais beaucoup de couples sont face à la mer discutant les yeux rivés sur la lumière venant de quelques bateaux en rade. Si les émanations de oued El Harrach n'empestent pas l'atmosphère, attestant que les travaux de son épuration avancent, des sachets d'ordures de couleur bleue jonchent cependant la rive, enlaidissant la vue et altérant ce bon moment de quiétude. Au moment de quitter le centre Ardis, une procession de voitures des deux entrées se forme. La nuit sera longue, bien longue. Centre commercial de Bab Ezzouar : haut lieu de loisirs Dès l'entrée, la couleur est annoncée. Des éléments de la police nationale sont en faction devant le grand centre commercial et de loisirs de Bab Ezzouar, régulant la forte circulation de voitures et le flux important des personnes. Depuis son ouverture et l'aménagement d'espaces commerciaux, de boutiques, des restaurants et de coins de loisirs, le centre commercial de Bab Ezzouar ne cesse de drainer la grande foule. Une effervescence particulière est remarquée durant ce mois de Ramadhan. Ici, également, les allées menant vers le centre sont prises d'assaut par de jeunes vendeurs de gadgets. « Prenez un pendentif lumineux à seulement 100 DA, faites plaisir à vos enfants », crie, sans se lasser, un jeune garçon transformé en présentoir de divers pacotilles. Les familles des quartiers alentour semblent avoir trouvé un lieu où passer une soirée tranquille pendant ce mois. Les achats à la grande surface Uno sont aussi un prétexte pour venir au centre. « Avec les promotions effectuées à l'occasion de l'anniversaire de notre groupe, nous avons reçu beaucoup de clients. Des paniers allant de 1 000 DA à près de 10 000 DA sont enregistrés chaque jour », avoue un caissier. En effet, un grand rush est observé en cette soirée de dimanche au niveau de cette surface commerciale, des clients déambulent entre les rayons bien achalandés de vêtements et divers produits alimentaires, de décoration et d'articles ménagers. Les plats cuisinés (pizzas, crevettes et abats en sauce et autres bourek) ont également la cote auprès des clients. Aux deux étages supérieurs du centre, l'animation est autre. Des magasins de vêtements pour enfants et pour femmes sont pris d'assaut par des visiteurs à l'affût d'une bonne occasion. « Il est vrai qu'on trouve des articles de bonne qualité ici. Moi-même, j'en ai acheté quelques-uns, mais les prix sont inaccessibles pour un citoyen de classe moyenne, pour certains produits comme les sacs, ils sont excessifs », déplore une habituée des lieux. Des jeunes filles seules, habillées de couleurs assorties à un léger maquillage, prennent l'escalator pour aller directement au deuxième étage. Là, un vendeur de glace et un autre de pizzas sont littéralement submergés par les commandes. Meriem accompagne sa mère et sa tante au centre commercial et de loisirs de Bab Ezzouar à chaque fois que l'occasion leur est offerte. « Un déplacement pour le shopping à la surface Uno, mais surtout venir manger une bonne pizza. » Les habitués du centre, à l'image de Redouane, regrettent la suppression du bowling. « C'était un bowling professionnel conçu selon les normes internationales avec 18 pistes, on venait parfois y jouer en famille. » Le centre commercial, comme à son accoutumée, a programmé une série de galas avec des stars de renom. La chanteuse Zaho devrait animer une soirée cette semaine. Pour rentrer chez soi, il est clair qu'il faut s'armer de patience. Les visiteurs quittant pratiquement en même temps le centre, créent un embouteillage indescriptible. Mais l'envie de revenir sur ces lieux de distraction et de loisirs ne va nullement stopper l'enthousiasme des citoyens qui veulent profiter au maximum de ce mois marqué par les virées nocturnes.