Les Frères musulmans n'ont plus la cote en Libye où les assassinats de policiers, militaires et anti-islamistes sont quotidiens. Des milliers de Libyens ont manifesté, hier, à Benghazi, bastion de la révolte contre le régime de Kadhafi en 2011, contre eux et saccagé les locaux de leur bras politique, le Parti pour la justice et la construction (PJC, 17 sièges au Parlement). Ils les accusent d'être responsables de l'instabilité du pays. Dans la nuit de vendredi à samedi, plusieurs centaines de jeunes ont parcouru les rues de la ville où le pouvoir central peine à asseoir son autorité sur la myriade de groupes armés, pour dénoncer l'assassinat par balles de deux officiers de l'armée et de la police et celui dans la matinée de Abdessalem al-Mesmari, un avocat qui intervenait régulièrement à la télévision pour dénoncer la présence des milices armées dans les rues et les Frères qui œuvrent, selon lui, à prendre le pouvoir malgré le rejet de la population. A Tripoli, des centaines de personnes se sont rassemblées à la place des Martyrs à la sortie des mosquées après la prière de l'aube en solidarité avec Benghazi et contre les Frères musulmans. Comme dans la capitale de l'Est, les manifestants qui ont saccagé et pillé les bureaux et le mobilier du parti aux cris de « le sang des martyrs n'a pas été versé en vain », accusent les islamistes d'être derrière ces assassinats. Certains s'en sont pris même à l'Alliance des forces nationales (AFN, 39 sièges), le parti libéral vainqueur des élections de juillet 2012. « Nous voulons la dissolution de tous les partis. Ils sont la cause de tous nos problèmes. On doit adopter une Constitution puis une loi organisant la vie politique avant de permettre aux partis d'exercer », disent-ils. Selon ces protestataires, les rivalités politiques empêchent la stabilisation du pays, où pullulent les armes et « le PJC et l'AFN manipulent à leur guise des milices armées qui servent leurs intérêts et empêchent la formation d'une armée et d'une police professionnelles ».