Plusieurs centaines de Libyens se sont rassemblés, dimanche soir à Tripoli, pour réclamer l'évacuation des milices et des « brigades illégitimes » et appeler les autorités à accélérer la formation de l'armée et de la police. « Nous voulons une armée régulière et une police », « non aux armes », « oui à la légitimité », scandaient les Tripolitains accusant les milices de faire la loi. Cette manifestation a eu lieu une semaine après les affrontements meurtriers qui avaient opposé deux groupes armés dans le quartier d'Abou Slim près du centre de la ville. Selon Nasreddine Abdoullah, l'un des organisateurs de ces manifestations cités par des médias locaux, « la plupart des problèmes de la ville viennent des luttes de pouvoir entre milices ». « Il y a des cambriolages, des violences et même des civils qui sont tués sans raison. Nous en avons assez ! », dit-il. Le Premier ministre, Ali Zeidan, a souligné, lors d'un point de presse, la nécessité « de dissoudre les brigades et autres formations (d'ex-rebelles) (...) et de les intégrer individuellement dans l'armée ou la police ». En Libye, l'Alliance des forces nationales (AFN) et le Parti pour la justice et la construction (PJC), bras politique des Frères musulmans, forces dominatrices au Congrès général national (CGN, Parlement) s'accusent mutuellement de s'appuyer sur des milices pour prendre le pouvoir. L'AFN et le PJC sont, par ailleurs, accusés de paralyser les travaux de l'Assemblée nationale retardant ainsi la rédaction d'une Constitution établissant la nature du régime politique. Inspirés par le mouvement Tamarrod en Egypte, des militants ont créé plusieurs pages Facebook pour réclamer et la dissolution des partis et celle des milices armées. Le « Mouvement Refus » comptait, dimanche, plus de 9.000 membres, alors que le « Mouvement Tamarrod de la nouvelle Libye pour faire tomber les partis » en comptait plus de 5.600. Un autre appel au changement a été lancé depuis Zentan, ville située à 180 km au sud de Tripoli. Des représentants de dizaines de tribus ont recommandé « le gel les travaux du CGN et le gouvernement intérimaire et à créer un gouvernement restreint composé de cinq ministres pour gérer la crise ». Le cheikh Sadok al-Gharyani, plus haute autorité religieuse du pays, a appelé les Libyens, dans un SMS envoyé aux abonnés de téléphonie mobile, à « défendre la légitimité du CGN », sous peine de quoi le pays « risque de tomber dans le chaos ».