Dans un communiqué, une coalition de groupes islamistes a ainsi appelé à une marche aujourd'hui réunissant « un million de manifestants », pour réclamer le retour au pouvoir du président égyptien déchu. Les pro-Morsi ont été invités à converger, hier soir, à travers toute l'Egypte, vers « les bâtiments administratifs des forces de sécurité (...) pour condamner les actes criminels et l'usage de balles réelles par le ministre de l'Intérieur contre des manifestants pacifiques ». Le spectre du vendredi sanglant qui a fait 72 morts et 400 blessés hante l'Egypte et plane sur Le Caire en ébullition constante. Aucune des deux parties ne semble vouloir lâcher du lest. Des « décisions et mesures décisives et fermes » seront prises pour faire face aux manifestants dans le cas où ils « outrepassent leur droit à l'expression pacifique », a annoncé, de son côté, le Conseil de défense nationale, présidé par le chef de l'Etat par intérim, Adly Mansour, et où siège le ministre de la Défense et chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Sissi. Les partisans de Morsi, maintenus en détention préventive, sont sommés de renoncer « clairement et définitivement à la violence sous toutes ses formes ». Le ministre de l'Intérieur, Mohamed Ibrahim, a promis « très prochainement » le démantèlement du campement de Rabaa El Adawiya qualifié de « source de terrorisme ». La main tendue des autorités, qui entendent utiliser « tous les canaux pour trouver une solution afin d'épargner le sang et sauver la face » des manifestants, n'a pas eu d'écho dans le camp islamiste attaché, selon un porte parole des Frères musulmans, Gehadel-Haddad, à « toute initiative, pourvu qu'elle soit fondée sur la restauration de la légitimité et annule le coup d'Etat ». La sentence est sans appel. « Nous ne négocierons pas avec l'armée », a-t-il déclaré. Les lignes de confrontation bien établies, le pire est-il à venir ? Le scénario redouté de la guerre civile a fait réagir le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, qui s'est déclaré inquiet de la dernière « explosion de la violence » et a plaidé pour une transition démocratique inclusive. De retour, ce dimanche, en Egypte pour la seconde fois, la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a indiqué qu'elle « vient pour parler à toutes les parties et renforcer notre message en faveur d'un processus de transition politique totalement inclusif, et associant tous les groupes politiques, y compris les Frères musulmans ». Son agenda prévoit une série de rencontres avec le président par intérim, Adly Mansour, le vice-président chargé des relations internationales Mohamed El Baradei, le chef de l'armée et ministre de la Défense, le général Abdel Fattah al-Sissi, et d'autres membres du gouvernement. Des entretiens sont également prévus avec des responsables du Parti de la liberté et de la justice (PLJ) et des membres de la société civile dont le mouvement Tamaroud figure en bonne place. Réussira-t-elle à contenir la crise et relancer le dialogue devenu impossible ?