Une journée d'étude sur les problématiques majeures liées à la ville a été organisée, hier, au siège du ministère de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et de la Ville. Cette rencontre s'inscrit dans le cadre du processus de concertation avec les acteurs, les organismes et les associations concernées par les problématiques liées à la gestion et à la promotion de la ville. Objectif : dégager un référentiel de la politique de la ville. Le ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et de la Ville a annoncé qu'un projet de loi sur la gestion et la promotion de la ville sera présenté au gouvernement au plus tard d'ici la fin de l'année. « Nous n'avons pas un chef d'orchestre » pour la gestion de la ville, a reconnu Amara Benyounès. Il a indiqué qu'il est temps de situer les prérogatives de tous les acteurs : walis et élus locaux. Justement, la directrice générale de la ville au ministère, Rabia Kherfi, a affirmé que cette future loi permettra à tous les acteurs d'avoir une vision « claire », « globale » et « intégrée » de la politique de la ville. Quelles villes voulons-nous ? Le but étant d'assurer une croissance harmonieuse des villes et pallier les déséquilibres existants. D'autant que 65% de la population est concentrée dans la ville, alors que 15 millions de citadins y sont attendus dans les 20 années à venir, soit 8 Algériens sur 10 vivront en ville, selon l'étude du ministère. Mme Khalfi a souligné que cette nouvelle situation présente une pression supplémentaire pour les gestionnaires qui « se doivent d'accompagner cette évolution à travers des actions fiables et concrètes » : améliorer les conditions de vie, promouvoir une image attractive de la ville pour les citoyens et les visiteurs, encourager une économie urbaine de qualité, harmoniser le cadre légal et réglementaire lié à la gestion et la promotion de la ville et mettre en place une véritable organisation partenariale et participative de gestion. La même responsable a fait savoir que le ministère a mis en place une série d'instruments qui s'appuient sur des axes fondamentaux. Il s'agit, entres autres, d'aller vers une gestion urbaine de proximité qui commence du quartier jusqu'à la médina. Elle mise, également, sur la réhabilitation du syndic, des concierges, qui, aujourd'hui, ont complètement disparu. Quant au financement, la directrice générale de la ville plaide pour l'instauration d'un budget participatif entre usagers et autorités locales. Enfin, elle a mis l'accent sur la réalisation de véritables villes et non un alignement de logements. Il faut dire que sur ce point, le constat n'est guère reluisant. « L'Algérie n'a jamais construit de villes mais des logements », a signale l'architecte Abdelhamid Boudaoud. Djamel Djemaï, ex-secrétaire général du Conseil national de l'ordre des architectes (CNOA), estime que le mal est plus profond. Pour lui, la problématique de l'urbanisme en Algérie, avant qu'elle soit celle de la « nouvelle ville », est plutôt celle de l'habitat, celle de l'organisation de l'espace de vie des populations. C'est aussi celle de distribution spatiale de leurs activités, du développement urbain et rural, de la qualité architecturale et environnementale sans oublier l'attitude de l'usager et de la pratique collective de l'espace, des capacités de prévision et des mécanismes de gestion de l'administration. De ce fait, Rabia Kherfi soutient qu'une loi ne suffit pas, à elle seule, à prendre en charge la problématique de la ville à la fois complexe et épineuse. Pour elle, les élus sont des acteurs-clés et des moteurs de développement de la ville. Elus : la loi est insuffisante Les élus sont catégoriques : la mise en œuvre d'une loi est la bienvenue mais cela reste insuffisante. C'est l'avis de Mohand Sbahi, P/APC de Draâ Ben Khedda, dans la wilaya de Tizi Ouzou. Pour lui, le problème est dans l'application de cette loi sur le terrain. Mais aussi, il faut avoir plus de moyens, notamment financiers, afin de pouvoir accompagner cette politique ambitieuse. « Nous sommes ici pour faire entendre nos propositions sur la gestion de la ville. Les élus vivent des problèmes complexes. Il faut absolument les accompagner pour qu'ils s'impliquent entièrement dans la mise en œuvre de cette nouvelle politique que je trouve, d'ailleurs, ambitieuse », lâche-t-il. Comme il a plaidé pour plus de prérogatives pour les élus afin de mener à bon port la démarche des pouvoirs publics. C'est aussi l'avis du P/APC de Bab El Oued (Alger) qui a mis en avant deux facteurs : plus de prérogatives et plus de moyens financiers.