Dalila Fourar, vice-présidente de l'APN chargée de la communication, estime qu'en dépit des mauvaises habitudes pratiquées durant ce mois sacré, le peuple algérien demeure très généreux. Que signifie pour vous le mois sacré ? Pour moi, la famille prime durant le Ramadhan. C'est le seul mois où j'accorde de l'importance et du temps à la famille. En toute sincérité, je veux gâter mes enfants et mon époux, parce que durant les onze mois de l'année, je suis pratiquement absente de la maison. Je suis tout le temps en train de travailler, donc je tente de me rattraper durant ce mois. Je suis très matinale et j'adore faire mes commissions dans les marchés surtout populaires. Mais j'achète juste ce qu'il me faut. Ici à Bejaia, les soirées sont vraiment très animées durant le Ramadhan. Chose que je ne vois pas ailleurs. Pendant l'année, je suis entre Blida et Alger et je constate que Bejaia est exceptionnelle. De jeunes filles déambulent le soir en groupe et c'est formidable. Bien que je ne sois pas adepte des sorties nocturnes, j'encourage ma famille à sortir le soir pour que je puisse faire tranquillement les tâches ménagères. Sur le plan culinaire, ma famille n'est pas très exigeante. On mange du poisson quatre fois par semaine. C'est le seul mois aussi où j'en prends d'ailleurs. Durant l'année, les enfants sont livrés à eux-mêmes, alors j'essaye vraiment de les chouchouter et de leur préparer les plats qu'ils apprécient. Moi par contre, je suis exigeante. Je prépare la galette « tahvoult aghroum ou tadjin » chaque jour. Que pense Madame Fourar du jeûne des Algériens ? Les mauvaises habitudes s'installent et chaque année c'est de mal en pis alors qu'il y a abondamment de produits, Dieu merci. Il n'y a pas de quoi s'affoler. Certaines personnes achètent beaucoup de pain qu'elles ne consomment pas. Le gaspillage contredit malheureusement les principes dictés par notre religion. Les temps changent malheureusement et on doit s'adapter. Mais il faut avouer aussi qu'on a gardé aussi beaucoup de nos traditions héritées de nos mamans. Que dire aux gens qui profitent du mois sacré pour justifier leur oisiveté au travail ? Il suffit de sortir de bon matin pour constater cela. Les rues sont désertes. Même au niveau des administrations, ce n'est que vers onze heures que les choses commencent à bouger. Cela est dû certainement à un laisser-aller de la part des responsables. On se laisse faire et ces pratiques deviennent des habitudes admises, par manque de rigueur et d'autorité. Il faut aussi souligner que les ordures ménagères envahissent nos citées durant ce mois sacré. Puisque la consommation a augmenté le volume des ordures. Du point de vue environnement, c'est catastrophique. L'élu local est dépassé et il ne faut pas oublier que lui-même est un élément de cette société. Ce n'est pas parce qu'il est élu que sa mentalité a changé. On est pris dans un engrenage duquel il est difficile de sortir. Durant le Ramadhan, il faut surtout penser aux gens qui ont faim. C'est le but initial du jeûne. Malgré tout, il ne faut pas nier que nous sommes un peuple généreux qui sait aider quand il le faut. Il faut aussi reconnaître nos points forts. C'est ce qui fait le charme de l'Algérien. On a un beau pays et je suis convaincue que chacun de nous l'aime à sa façon.