La plupart des familles ont été obligées de rogner sur les dépenses réservées à l'alimentation pour pouvoir acheter des habits neufs à leurs enfants. Le mois sacré de Ramadhan tire à sa fin. L'heure est désormais aux traditionnels préparatifs de la fête de l'Aïd, une fête qui coïncide, depuis quelques années déjà, avec la rentrée scolaire. Un véritable casse-tête pour les ménages qui ne savent plus où donner de la tête entre les achats des produits nécessaires à la confection des gâteaux et ceux des trousseaux scolaires. Le compte à rebours a donc commencé et l'ensemble des magasins de la ville a été pris d'assaut par les citoyens. Une ambiance particulière se dégage de l'antique Russicade. En effet, juste après la prière des Taraouih, le centre-ville est envahi par les riverains, qui se déplacent en masse en début de soirée afin d'éviter la cohue générale durant la journée comme en témoigne ce père de famille: «J'ai toujours eu pour habitude de sortir avec mes enfants après la prière des Taraouih et effectuer tous les achats nécessaires en toute tranquillité». Les femmes ne dérogent pas à la règle et sont nombreuses aussi à effectuer leurs emplettes dans la soirée. «Je suis trop prise durant la journée en plus je me suis prise trop tard cette année pour l'achat des ingrédients nécessaires à la préparation des gâteaux» dira une dame. Sur ce dernier point, les avis sont plutôt mitigés: certaines femmes se contentent d'assurer le minimum, à savoir le fameux makroud et un peu de croquants. «Il faut bien l'avouer, la fête de l'Aïd a perdu ces dernières années de son charme avec la cherté de la vie, nous essayons uniquement de faire plaisir aux plus jeunes en préparant des gâteaux à base de chocolat» a déclaré cette mère de famille. D'autres se rabattent carrément sur les gâteaux confectionnés dans les pâtisseries «c'est beaucoup plus pratique et cela nous évite beaucoup de désagréments même si cela reste parfois très onéreux». Néanmoins, certains parents ont été prévoyants, préférant s'y prendre plus tôt en achetant les nouveaux habits à leur progéniture avant le début du mois de Ramadhan. «Les prix affichés actuellement dans les magasins sont montés crescendo en cette période et il m'aurait été difficile d'acheter quoi que ce soit pour mes fils surtout après les grosses dépenses liées à ce mois», témoignera un père de famille rencontré dans un magasin de vêtements. Et de poursuivre: «aujourd'hui je m'attelle à acheter les ingrédients pour la préparation des gâteaux et, croyez-moi, ça va faire un gros trou dans mon budget…j'ai été obligé de rogner sur les dépenses d'alimentation pour ne pas m'endetter: on va manger un peu moins ces derniers jours de Ramadhan, mais au moins tout le monde trouvera son compte, les enfants auront leurs nouveaux habits et madame pourra faire quelques petits gâteaux pour marquer le jour de l'Aïd». En fin de compte, on sent une certaine allégresse dans l'air: tout le monde est soulagé de cette fin imminente de Ramadhan qui, de l'avis de la plupart des gens rencontrés, a fait plus de bien que de mal, malgré quelques journées très chaudes et quelques produits très chers.