Le gouvernement égyptien, qui vient d'obtenir un soutien de poids - John Kerry a estimé jeudi que la destitution de Morsi a permis de « rétablir la démocratie » -, va-t-il passer à l'acte ? « Oui », selon le ministre de l'Industrie et du Commerce, Mounir Fakhry Abdelnour. Accusant les pro-Morsi d'être armés, il dit espèrer que l'intervention de la police « se fera avec le moins de pertes humaines possibles ». La communauté internationale, qui suit de près ce bras de fer, craint « le pire ». Au pays des Pharaons, aucun règlement de la crise ne se dessine. Les Frères exigent toujours le rétablissement de Mohamed Morsi dans ses fonctions. Les nouvelles autorités excluent cette éventualité. Dialogue de sourds. « Nous allons poursuivre nos sit-in et nos manifestations », déclare Ala Mostafa, porte-parole de la Coalition islamiste. Comme les dirigeants du Parti de la liberté et de la justice (PLJ), vitrine politique de la puissante confrérie, il refuse de prendre acte de la main tendue des nouvelles autorités et des appels de la communauté internationale, présentée comme un « porte-voix » du Caire avec son souhait de voir les manifestants anti-Morsi se disperser. Mercredi soir, le gouvernement a chargé le ministère de l'Intérieur de prendre « les mesures nécessaires » pour mettre fin aux sit-in pro-Morsi, jugeant que ces rassemblements, qui durent depuis un mois, représentaient « une menace pour la sécurité nationale ». Jeudi, dans un communiqué, il a « appelé les personnes sur les places Rabaa al-Adawiya (nord-est du Caire) et Al-Nahda (près de l'université du Caire) à se disperser en échange d'une « sortie sécurisée » et à « laisser la raison et l'intérêt national l'emporter ». Plus tôt, un autre communiqué du ministère a évoqué une réunion des chefs de la police pour étudier la stratégie à adopter pour faire lever les sit-in. Outre cette menace d'intervention, le nouveau pouvoir annonce un coup dur à la direction des Frères musulmans : leur Guide suprême Mohamed Badie, actuellement recherché, et huit dirigeants dont certains déjà emprisonnés, seront jugés pour « incitation au meurtre ». Selon certains analystes, les Frères musulmans, qui ne mobilisent plus la rue comme avant, maintiennent leur pression pour mieux négocier, une sortie de crise. D'autant que la communauté internationale presse l'actuel pouvoir, dirigé certes, par un président de transition, Adly Mansour, mais dont l'homme fort est le chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Sissi, d'aller « rapidement » à des élections générales pour « accélérer » le retour au pouvoir civil. Le Caire, qui conditionne toute participation des Frères musulmans à l'arrêt des manifestations, ira-t-il jusqu'à interdire la Confrérie ?