Développement - La justice a porté un nouveau coup dur aux Frères musulmans en annonçant que leur guide suprême, Mohamed Badie, actuellement recherché, et deux autres dirigeants au moins de la puissante confrérie, emprisonnés, seraient jugés pour «incitation au meurtre» de manifestants. C'est ce qu'ont indiqué hier, mercredi, des sources judiciaires, qui précisent qu'ils sont accusés d'avoir incité au meurtre de personnes qui manifestaient devant le quartier général des Frères musulmans au Caire le 30 juin, trois jours avant le renversement par l'armée du président Mohamed Morsi. Pour l'heure, et sur un autre plan, les partisans du président islamiste déchu ont appelé à poursuivre leur mobilisation, ignorant la menace du gouvernement intérimaire en Egypte qui a chargé durant cette même journée d'hier la police de mettre fin aux sit-in, faisant redouter de nouvelles violences sanglantes. «Rien ne va changer», a déclaré un porte-parole de la coalition islamiste pro-Morsi, Gehad el-Haddad, interrogé pour savoir si les rassemblements allaient cesser. Alors que des épisodes particulièrement meurtriers sont survenus ces dernières semaines aux abords des sit-in pro-Morsi sur les places Rabaâ al-Adawiya (nord-est du Caire) et Al-Nahda (près de l'université du Caire), où des milliers d'islamistes campent, le nouveau pouvoir a estimé que ces rassemblements n'étaient «plus acceptables». Conforté par la mobilisation massive de vendredi en réponse à l'appel de l'armée aux Egyptiens à manifester pour lui donner mandat d'en finir avec le «terrorisme», il a «chargé le ministre de l'Intérieur de prendre les décisions adéquates» face à ces sit-in, considérés comme une «menace pour la sécurité nationale». Cet appel fait craindre une intervention imminente de la police, même si aucune échéance n'a été précisée. Pour le ministre de l'Industrie et du Commerce, Mounir Fakhry Abdelnour, le communiqué officiel ne "laisse pas place à interprétation. Il est clair que le ministère de l'Intérieur a reçu le feu vert pour prendre les mesures nécessaires dans un cadre légal». Ce fervent opposant de M. Morsi a dit espérer que «cela se fera avec le moins de pertes humaines possibles». Les nouvelles autorités ont en outre exclu que M. Morsi puisse retrouver un rôle politique quelconque, récusant la demande de ses partisans de voir M. Morsi reprendre ses fonctions. En revanche, le ministre des Affaires étrangères, Nabil Fahmy, a assuré que les islamistes pouvaient «participer à la rédaction de la Constitution et des lois électorales» à condition de cesser selon lui les violences. Ce développement dans l'épreuve de force entre le nouveau pouvoir soutenu par l'armée et les Frères musulmans, intervient en pleins efforts diplomatiques pour trouver une issue politique au conflit avec la visite de plusieurs responsables étrangers.