Sur fond d'un regain de violence terroriste, la Tunisie sombre dans une crise politique qui n'est pas près de se résoudre. Opposants et partisans du gouvernement, dirigé par les islamistes d'Ennahda, ne semblent toujours pas disposés à négocier un compromis pour régler cette crise déclenchée le 25 juillet, au lendemain de l'assassinat par un djihadiste du député opposant Mohamed Brahmi. Le président tunisien, Moncef Marzouki, a reçu, jeudi, un panel de personnalités politiques et chefs de parti dans l'espoir de dégager une solution acceptée par tous. Si l'essentiel des partis de l'opposition et de nombreuses organisations de la société civile réclament le départ du gouvernement, ils n'ont cependant pas réussi à avoir une position commune, notamment sur une éventuelle dissolution de l'Assemblée nationale constituante (ANC), élue il y a presque deux ans mais dont les travaux sont paralysés depuis des mois. Ennahda, bien que fragilisé par la mobilisation de l'opposition et les critiques formulées par ses alliés laïques, insiste sur sa légitimité à gouverner. Les islamistes ont proposé de former une coalition élargie et des élections en décembre comme issue à la crise. Mais en vain. L'opposition semble bien décidée à en découdre. La formation de Rached Ghannouchi aussi. Alors que les opposants mobilisent la nuit, en raison du Ramadhan, des milliers de manifestants à Tunis depuis une semaine, les islamistes ont prévu, pour hier soir, une démonstration de force devant la place de la Casbah de Tunis, où siège le gouvernement, pour un rassemblement de soutien. De son côté, la centrale syndicale (Union générale des travailleurs tunisiens), qui plaide pour le maintien de l'ANC, entend peser de tout son poids. Son secrétaire général, Houcine Abassi, a présenté une initiative pour une sortie de crise lors de sa rencontre, jeudi, avec Ali Laârayedh, dans laquelle l'UGTT lance à ce dernier un ultimatum d'une semaine pour former un cabinet de technocrates. Sur le plan sécuritaire, l'armée tunisienne poursuivait, hier, son opération dans le mont Chaâmbi pour neutraliser un groupe armé appelé Phalange Okba Ibn Nafaâ, responsable notamment de l'embuscade qui coûté la vie à huit militaires. Les autorités n'ont donné aucune information sur le déroulement de ces « opérations terrestres et aériennes ».