Il faut dire que l'attaque sanglante de lundi a aggravé une crise née après l'assassinat, le 25 juillet dernier, du député d'opposition, Mohamed Brahmi, un crime attribué à la mouvance jihadiste. Divers groupes d'opposition et représentants de la société civile, qui n'ont jusqu'à présent pas pu déterminer une position commune, réclament le départ du gouvernement dirigé par les islamistes d'Ennahda. Certains demandent aussi la dissolution de l'Assemblée nationale constituante (ANC), élue en octobre 2011, mais dont les travaux sont dans l'impasse. Dans le même temps, Ennahda a rejeté ces appels et proposé de former une coalition élargie et d'organiser des élections le 17 décembre. Le Premier ministre, Ali Larayedh, et le président, Moncef Marzouki, un laïc allié aux islamistes, ont mené, jeudi, de premières consultations avec les partis. Les tiraillements sont nombreux aussi dans le camp gouvernemental, un parti laïque allié à Ennahda et deux ministres ayant souhaité la démission du cabinet actuel. Si des suspects dans l'assassinat de Mohamed Brahmi ont été identifiés et le meurtre lié à celui de l'opposant Chokri Belaïd en février, aucune arrestation n'a été annoncée. Dans ce contexte, partisans et détracteurs du gouvernement dirigé par les islamistes d'Ennahda continuent de se mobiliser, des milliers d'entre eux manifestant de nuit, après la rupture du jeûne du Ramadhan, devant l'Assemblée nationale constituante (ANC). Les manifestants d'opposition réclament la démission du gouvernement et la dissolution de l'Assemblée, tandis que leurs adversaires, moins nombreux dans la nuit de jeudi à vendredi, militent pour le respect de "la légitimité électorale". Dans la journée, le président Moncef Marzouki, un laïc allié aux islamistes, a reçu les responsables de plusieurs partis réclamant le départ de la coalition au pouvoir et qui ont présenté diverses solutions faute d'un front uni des opposants. Maya Jribi, du Parti républicain qui veut la dissolution de l'ANC, a milité pour un cabinet de "salut national" dirigé par un indépendant et composé de ministres qui ne se présenteront pas aux prochaines élections. Mohamed Hamdi, de l'Alliance démocratique, a demandé un gouvernement de "compétences" assisté par une instance composée de différents partis politiques. Il a plaidé pour que l'ANC soit maintenue mais qu'elle achève ses travaux, en particulier la rédaction de la Constitution qui est dans l'impasse, avant le 23 octobre. En outre, le Premier ministre islamiste, Ali Larayedh, a reçu le secrétaire général du puissant syndicat UGTT, Houcine Abassi, dont l'organisation réclame la formation d'un gouvernement de technocrates. Aucun des deux hommes n'a fait de déclaration à l'issue de la rencontre. "La réunion a été longue pour évaluer la situation actuelle et les solutions pour sortir de la crise et pour la lutte contre le terrorisme", a simplement indiqué le ministre des Affaires sociales, Khalil Zaouia. Ali Larayedh, soutenu par son parti islamiste Ennahda, a exclu cette semaine toute démission et a proposé comme sortie de crise de nouvelles élections le 17 décembre, une fois la Constitution adoptée. Cependant, le projet de loi fondamentale ne fait pas consensus et une soixantaine de députés réclament la dissolution de l'ANC. Si les dissensions existent parmi les opposants, elles sont aussi importantes au sein du gouvernement : Ettakatol, un membre de la coalition, est favorable à une dissolution du cabinet et deux ministres, dont celui de l'Intérieur, ont réclamé un changement d'équipe à la tête du pays. I. O. Nom Adresse email