A Alger, ces derniers jours, le mercure avoisine le 37°c. Pour échapper à cet air suffocant, les Algérois, en quête de fraîcheur, cèdent à l'invitation de la mer, séduits par un repas entrecoupé par le bruit des vagues. C'est ainsi que des familles et des groupes de jeunes ont pris d'assaut la plage El Kettani, fuyant ainsi la fournaise des appartements, en ces longues journées de Ramadhan. Ils sont là depuis le début de l'après-midi. Ils y demeurent jusuqu'à une demi-heure de la rupture du jeûne. Ou y restent, c'est selon. Parce qu'au moment du coucher du soleil, des jeûneurs arrivent, une marmite dans les bras. Le dîner se fait sur l'esplanade ou sur la plage à la lueur des lampadaires. Les familles se connaissent presque toutes. Certaines d'entre elles partagent plats et galettes. Les plus averties vont même pouvoir suivre leurs sketchs et séries favoris sur les programmes de l'ENTV à l'aide des téléviseurs raccordés à des batteries. Un quart d'heure plus tard, les deux esplanades de la place El Kettani grouillent de monde. Ceux qui fréquentent les restaurants de la Rahma et les fumeurs invétérés sortent les premiers et rejoignent les familles qui sont toujours à table. « Je ne veux pas donner le mauvais exemple à mes enfants. Je préfère griller une cigarette en bord de mer avant de retourner à table pour le plat de résistance », dit Amine, qui habite face à la placette. Deux heures plus tard, une foule nombreuse envahit le boulevard. Tout Bab El Oued semble avoir déserté son chez soi. Sur la plage, Myriam, mère de famille, confie que c'est la chaleur suffocante de la maison qui la pousse à se rendre au bord de la mer avec ses enfants à la recherche d'un peu de fraîcheur. Ahmed et ses deux enfants en bas âge ont les pieds dans l'eau. « Je suis venu à la plage pour faire plaisir à mes enfants qui ne supportent pas le climatiseur », confie-t-il. Les amoureux de la balle ronde investissent le stade mitoyen pour d'interminables matchs de football. La piscine ne fonctionne plus, au grand dam des amoureux et des invétérés de la natation. Les vendeurs de glace et les opérateurs de téléphonie mobile font recette. Cette virée permet aussi aux riverains de découvrir la Fontaine de l'espérance, devenue, l'espace d'une soirée, un grand bassin pour les bambins. Les uns se rafraîchissent, d'autres jouent au vélo. Au pied de quelques palmiers, les effluves d'un thé à la menthe chatouillent les narines. Des jeunes venus de Ouargla et de Timimoun vendent breuvage et cacahuètes. Ils sont là chaque été, depuis maintenant 5 ans. Ils accompagnent les jeûneurs du f'tour jusqu'à une heure tardive de la nuit. Car certains y prennent même le s'hour avant de rentrer à la maison.