Les opérateurs de téléphonie mobile attendent avec impatience le 11 août pour pouvoir retirer les cahiers des charges de l'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT) relatifs au lancement de la téléphonie mobile de troisième génération (3G). « Il y a des conditions primordiales que l'opérateur téléphonique doit satisfaire pour pouvoir obtenir la licence d'exploitation de cette technologie », signale Younès Grar, expert en technologie de l'information et la communication (TIC). Il s'agit notamment « du taux de couverture initial avec un plan de développement sur un certain nombre d'années, le seuil minimal du nombre d'abonnés, la qualité et la spécificité des services en prenant en considération le débit, la vitesse et les services à valeur ajoutée ». Selon lui, l'ARPT doit aussi inclure des conditions relatives au « déploiement commercial à travers l'installation des équipements, des points de vente et le lancement du service après-vente ». Il y a aussi des conditions sur « l'homogénéité des équipements acquis pour le lancement de cette technologie en exigeant qu'ils soient agréés par l'autorité de régulation et qu'ils répondent aux normes internationales ». Des conditions relatives au respect de l'environnement peuvent être incluses dans le cahier des charges « à travers la mise en place d'installations et d'équipements conformément au respect des règles écologiques et de protection de l'espace », a expliqué M. Grar. Les Algériens peuvent-ils avoir tous accès à la téléphonie mobile de troisième génération (3G) ? « Non », répond notre expert en expliquant qu'il y a des restrictions pratiques qui ne permettent pas à tout le monde d'avoir accès à ce nouveau service. Ces limitations sont d'ordre technique puisque les trois opérateurs activant sur le marché ne peuvent pas avoir, au lancement de la 3 G, une plateforme technique et commerciale qui puisse supporter et abriter huit millions d'abonnés à la fois. M. Grar suggère que chaque opérateur mette en place une plateforme pouvant abriter un million d'abonnés, de façon à pouvoir cibler 3 millions d'abonnés au lancement de cette opération. Une contrainte : le faible débit de l'Internet Les premiers critères pouvant déterminer ces trois millions d'abonnés sont la possession d'un appareil de téléphone intelligent et la connexion Internet avec un bon débit. « A ce niveau-là, le rôle régulateur de l'Etat est déterminant », affirme M. Grar, estimant que les institutions chargées de cette opération doivent mettre en place un contrôle rigoureux de façon à amener les opérateurs à lancer des offres de services qui soient à la portée des Algériens. « On peut par exemple décider d'un smig pour les offres de base et laisser les options à la charge de l'utilisateur. Sinon, on peut mettre sur le marché des offres à divers choix. Il ne faut pas oublier aussi l'utilisation de la clé Internet qui permettra aux abonnés d'utiliser la 3G sur leur micro-ordinateur », indique l'expert. Mais la connexion Internet est le plus gros problème qui risque de freiner le développement de la 3G en Algérie. « Le faible débit d'Internet et sa qualité sont effectivement une contrainte majeure vu que la bande passante internationale pose de gros problèmes de connexion aux abonnés de l'ADSL en raison de sa saturation », observe-t-il, estimant qu'« on risque de se retrouver dans une situation de goulot d'étranglement où on promet d'offrir un débit précis mais l'abonné va trouver beaucoup moins que ce qui a été annoncé, ce qui risque de provoquer une déception générale ». Outre l'augmentation du débit, M. Grar suggère « la mise en place d'une meilleure gestion de ce segment en permettant aux opérateurs nationaux d'héberger les sites algériens à travers l'exploitation de la bande nationale ». Selon lui, les opérateurs de téléphonie mobile sont déjà prêts pour le lancement de la 3G vu qu'ils ont déjà acquis des équipements pour ce faire. « D'ici 3 ans, une bonne partie des Algériens aura accès à la 3G et on passera très rapidement à la 4G vu que la 3G sera déjà en fin de cycle ».