Des ministres européens et américains, mais aussi africains, qataris et émiratis se relayent inlassablement depuis une semaine au Caire pour tenter à la fois de prôner la retenue et convaincre les Frères musulmans de se disperser et de participer aux élections prévues, au début de 2014, par la feuille de route du pouvoir transitoire. Dépêchés à leur tour par le président Barack Obama, les sénateurs américains, John McCain et Lindsey Graham, viennent en appui aux efforts du secrétaire d'Etat américain adjoint William Burns, prolongeant son séjour au Caire pour tenter de remettre sur les rails le processus politique « inclusif » revendiqué par Washington. Tout le monde s'accorde cependant à reconnaître le déficit de confiance des Etats-Unis accusés par les islamistes de soutenir le « coup d'Etat » et par le nouveau pouvoir de ne pas exercer suffisamment de pressions sur les Frères musulmans. Mais le nœud gordien de la crise politique reste l'irrédentisme des partisans du Président déchu qui se refusent à tout dialogue et à tout compromis. Le niet de l'adjoint du guide suprême des Frères musulmans et de l'un des plus importants financiers, Khairat El Chater, au secrétaire d'Etat Burns, renseigne sur la complexité de la situation conflictuelle. Cette visite, effectuée en compagnie du représentant de l'Union européenne, Bernardino Leon, et des ministres des Affaires étrangères des Emirats arabes unis, du Qatar, a tourné court. Incarcéré dans la prison de Tora, dans la banlieue cairote, et poursuivi pour « incitation au meurtre », avec son adjoint et 3 autres figures du mouvement islamiste, Khairat El Chater a rejeté le principe de la rencontre en conseillant à la délégation de « parler à Morsi », selon le porte-parole Gehad al-Haddad. Une issue incertaine confirmée, lors d'un point de presse, par la porte-parole adjointe du département d'Etat, Marie Harf, martelant à plusieurs reprises qu'« actuellement, il n'y a aucun projet pour le secrétaire d'Etat adjoint de rencontrer Mohamed Morsi ». Sur les sentiers battus, la médiation américaine tous azimuts bute sur l'intransigeance des Frères musulmans qui considèrent qu'il n'y a pas « d'alternative à la légitimité » et persistent dans la défiance, malgré les appels à décamper « très rapidement » et les menaces d'intervention différées pour permettre à la communauté internationale d'œuvrer à une issue pacifique de la crise. Les signes d'apaisement se font toujours attendre. Et même si le général Abdel Fattah Sissi, prenant langue aves des personnalités islamistes autres que les Frères musulmans, se veut rassurant sur les « chances pour une solution pacifique », la reprise du procès des principaux dirigeants des Frères musulmans a relancé la mobilisation certes décroissante. Près d'un millier de militants islamites ont défilé, lundi, devant la Haute cour de justice au Caire. Dans ce climat tendu, les positions irréductibles forgent le dialogue de sourds entre le pouvoir excluant Morsi de l'équation politique et les Frères musulmans bannissant le général Sissi du dialogue et de la solution à la crise égyptienne. Qui arrivera à démêler un écheveau aussi inextricable ?