Souple sur les mots, mais inflexible sur les principes. Pour sa première conférence de presse, le nouveau président iranien, Hassan Rohani, n'y est pas allé de main morte pour rappeler aux Occidentaux le refus de son pays de renoncer à ses « droits indéniables » en matière nucléaire, notamment l'enrichissement d'uranium. « Le gouvernement insiste sur les droits nucléaires conformes aux règles internationales. Nous ne céderons pas sur les droits de notre nation », a-t-il tonné, non sans appeler ses partenaires du groupe 5+1 (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie, Chine et Allemagne) à reprendre les négociations « sérieuses » et « sans perte de temps ». « Nous sommes partisans d'un dialogue et d'une entente », a-t-il clamé, se disant « certain que si l'autre partie est prête, les inquiétudes (des Occidentaux, ndlr) seront levées rapidement ». Fin connaisseur du dossier - il a été chef des négociateurs sur le dossier nucléaire au début des années 2000 et a accepté à l'époque la suspension de l'enrichissement d'uranium -, M. Rohani s'est prononcé pour « des négociations gagnant-gagnant » avant la désignation d'une nouvelle « équipe de négociateurs ». Le chef d'Etat iranien n'a pas manqué, par ailleurs, de dénoncer les nouvelles sanctions contre l'industrie pétrolière de son pays, votées récemment par la Chambre des représentants US dans le cadre d'une loi visant à empêcher totalement les exportations pétrolières. Selon lui, les dirigeants américains gardent une « mauvaise compréhension » de l'Iran. « Si on croit pouvoir imposer sa volonté à l'Iran par la force et les sanctions, on se trompe », a-t-il dit. Ces nouvelles sanctions ont suscité l'ire de Moscou, allié de la République islamique. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a estimé, mardi dernier, que cette démarche allait à l'encontre des intérêts de la communauté internationale et de ses objectifs de non-prolifération nucléaire. « Nous sommes absolument d'accord avec ce qu'il a dit (M. Rohani). Régler ce problème, comme tout autre problème, ne doit pas se faire via des ultimatums, mais sur la base d'un respect du partenaire, et cette base existe dans le cadre des négociations au sein du groupe 5+1 », a souligné M. Lavrov. La chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton (en contact avec Téhéran au nom du groupe 5+1) a écrit à M. Rohani souhaitant des « discussions significatives » sur le sujet.