La coalition d'opposition tunisienne a annoncé, hier, qu'elle proposera la semaine prochaine un gouvernement composé d'indépendants pour sortir le pays de la crise politique déclenchée par l'assassinat d'un opposant et arracher la démission du cabinet dirigé par les islamistes. « Le Front de salut national va continuer de travailler sur le gouvernement de salut national et faire la semaine prochaine ses propositions sur les personnalités indépendantes le composant. Le Front établira aussi une feuille de route bien précise », explique Karima Souïd, députée du parti Massar et membre de cette alliance hétéroclite qui réunit des mouvements allant de l'extrême gauche au centre droit. Elle a aussi souligné que toute négociation avec le parti islamiste Ennahda, qui dirige le gouvernement, avait pour « préalable » la démission du cabinet dirigé par Ali Larayedh. « Il ne peut y avoir de discussion sans mise en place d'un gouvernement de salut national, ce n'est pas négociable », estime Mme Souïd, assurant que les opposants n'ont eu aucun contact direct avec Ennahda. Le mouvement islamiste s'était dit la semaine dernière, prêt au dialogue après que le président de la Constituante eut gelé les travaux de cette assemblée pour forcer les deux camps à dialoguer. Comme la mobilisation est en forte baisse par rapport à la manifestation du 6 août qui avait réuni des dizaines de milliers de personnes, l'opposition veut organiser une nouvelle grande manifestation mardi prochain. « C'est pour marquer l'anniversaire de la promulgation du code du statut personnel en 1956, octroyant aux Tunisiennes des droits sans pareil dans le monde arabe, sans pour autant consacrer l'égalité », expliquent les auteurs de cet appel, accusant les islamistes de vouloir revenir sur les acquis des Tunisiennes et de donner un essor à la mouvance salafiste dont les actions violentes déstabilisent régulièrement le pays depuis la révolution de janvier 2011.