Le parti Ennahda, au pouvoir en Tunisie, s'est dit favorable, mardi, à l'élargissement de la coalition gouvernementale au moment où les appels à la démission du cabinet se multiplient. Dans un communiqué co-signé par une quinzaine de petits partis à leur tête Ennahda, les signataires affirment leur "attachement au consensus et au dialogue" et appellent à "élargir la base politique du pouvoir". "Nous appelons à la construction d'une coalition nationale large pour mettre en oeuvre les objectifs de la révolution" de janvier 2011, est-il indiqué dans le texte. Ce communiqué a été diffusé alors que les appels au départ de l'actuel gouvernement se sont multipliés depuis l'assassinat du député de l'opposition Mohamed Brahmi jeudi, attribué à la mouvance salafiste, et la mort de huit militaires dans une embuscade lundi dans une zone où Al-Qaïda est actif. Les signataires de la déclaration affirment aussi leur "attachement à l'Assemblée nationale constituante (ANC) en tant qu'instance légitime issue des élections libres". Une coalition hétéroclite d'opposition réclame la dissolution du gouvernement mais aussi celle de l'Assemblée nationale constituante, au moment où l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), et Ettakatol, parti laïque de centre-gauche allié aux islamistes d'Ennahda, ont appelé à la formation d'un nouveau gouvernement sans fixer d'ultimatum. Le Premier ministre, Ali Larayedh, qui a rejeté les revendications de la coalition de l'opposition, a promis des élections le 17 décembre prochain, et exclu toute démission de son gouvernement lundi. Le ministre tunisien de l'Intérieur, Lotfi Ben Jeddou, un indépendant au sein du gouvernement dirigé par les islamistes d'Ennahda, a demandé mardi la formation d'un nouveau cabinet d'union nationale pour répondre à la crise et au terrorisme. "J'ai envisagé de démissionner avec d'autres dirigeants de l'appareil sécuritaire mais vu la conjoncture actuelle, j'ai décidé de continuer jusqu'à la formation d'un gouvernement impliquant tous les partis qui doivent dépasser leurs égoïsmes pour relever les défis et combattre le terrorisme", a-t-il dit à l'antenne de la radio Mosaïque FM. Selon M. Ben Jeddou, l'appareil sécuritaire "est pris pour cible". "A chaque fois que la situation sécuritaire s'améliore, des parties inconnues mettent encore le feu dans le pays", a-t-il dit, citant l'assassinat du député Mohamed Brahmi et la mort de huit soldats lundi. Au sein de l'opposition, des désaccords subsistent cependant certains réclamant un gouvernement "de compétence", d'autres militant pour un gouvernement d'union nationale. Une soixantaine de députés et l'extrême gauche réclament un "gouvernement de salut national" et aussi la dissolution de l'ANC. En mars dernier, après l'assassinat d'un autre opposant, Chokri Belaïd, une tentative de mettre en place un gouvernement d'union nationale avait déjà échoué. Finalement, la coalition regroupant Ennahda et deux partis laïques de gauche avait été largement reconduite, rejointe par quelques indépendants.