C'est ce qu'a annoncé, hier, le procureur général près la cour d'Alger, Belkacem Zeghmati, dans une conférence de presse animée à Alger. « Il est nécessaire de communiquer sur l'affaire Sonatrach 2 pour informer l'opinion publique sur les rebondissements survenus. Notre démarche s'inscrit aussi dans le cadre de l'information du citoyen sur toutes les affaires judiciaires surtout celles liées à la corruption », a-t-il précisé. Le procureur général a affirmé que l'ex-ministre de l'Energie, Chakib Khelil, fait officiellement l'objet d'un mandat d'arrêt international émis depuis 15 jours par la justice algérienne. « Chakib Khelil a été officiellement convoqué par le juge instructeur chargé du dossier. Il a répondu par une correspondance manuscrite émise de sa résidence aux USA, accompagnée d'un certificat médical en date du 13 mai 2013 indiquant que son état de santé ne lui permet pas de se déplacer ni de voyager durant deux mois. Après l'expiration du délai, l'intéressé n'a pas donné signe de vie. C'est alors que la loi a été appliquée », a précisé le conférencier en affirmant que si la justice algérienne n'a pas agi plutôt, c'est pour l'unique raison que le mis en cause ne faisait l'objet d'aucune accusation. L'ancien ministre est concerné par tous les chefs d'inculpation retenus par le parquet, à savoir appartenance à une bande criminelle organisée transnationale, corruption, trafic d'influence, blanchiment d'argent, conclusion de contrats contraire au code des marchés. Interrogé sur son extradition, d'autant qu'il possède la nationalité américaine, Belkacem Zeghmati répondra : « Pour nous, il est algérien. » Chakib Khelil, sa famille et ses collaborateurs inculpés dans cette affaire sont également concernés par le gel de leurs biens et comptes au niveau national et international. Sur cette question, le procureur général a salué la coopération judiciaire avec les autorités suisses, italiennes et européennes qui n'ont fait part d'aucune réticence. « Bien au contraire, les autorités judiciaires suisses sont disposées à rapatrier des biens détournés et transférés. La loi suisse autorise le pays victime de récupérer ses biens au cas où l'inculpé accepte la procédure. Effectivement, l'accusé principal, à savoir l'ex-P-DG de Sonatrach, Mohalmed Meziane, a été saisi par le juge instructeur et a donné son accord. Nous sommes optimistes », a ajouté le conférencier qui a révélé que des sommes d'argent faramineuses ont été détournées vers Hong Kong, le Liban, les Emirats arabes unis, la Suisse, l'Italie, Singapour et les Etats-Unis. La plupart de ces fonds ont été investis dans l'immobilier dans des pays européens, soit plus de 20 millions de dollars et 175 millions d'euros. « Nous n'avons pas été devancés par la justice italienne » Le procureur général est longuement revenu sur l'affaire Sonatrach 2, tout en précisant qu'il s'agit bel et bien d'une enquête complémentaire de l'affaire Sonatrach 1. La première a porté sur les contrats liés aux projets sur la sécurité et le transport du gaz alors que Sonatrach 2 s'est basée sur les commissions rogatoires et que l'enquête suit toujours son cours. Dans ce cadre, M. Zeghmati a démenti les informations faisant état de l'ouverture d'une enquête suite à des informations publiées dans la presse étrangère. « Nous n'avons pas été devancés par la justice italienne. Ces informations sont infondées. Nous avons clôturé l'enquête sur l'affaire Sonatrach 1 au mois de septembre 2011 et le dossier a été transmis à la chambre d'accusation et des accusés étaient en détention. Nous avons ouvert un autre dossier dit Sonatrach 2 après avoir reçu les résultats des commissions rogatoires françaises qui ont partagé le travail en deux parties, en juillet 2012. Concernant les commissions rogatoires suisses et italiennes émises en mars 2012 et reçues au mois d'août 2012, elles visaient à confirmer les informations déjà traitées par la justice algérienne sur le cas d'un accusé principal dans cette affaire », a-t-il précisé. Les faits ont été localisés durant la période allant de 2003 à 2011. Dans ce dossier, 22 personnes sont accusées et poursuivies, dont deux personnes morales. « Il s'agit de la société italienne Saipem et Orascom Industrie. Deux accusés sont écroués et deux autres sont sous contrôle judiciaire », a précisé le procureur général. En conclusion, il a reconnu que le scandale Sonatrach met à nu des failles et qu'il s'agit d'un réseau criminel transnational organisé et impliqué dans la facilitation de procédures d'octroi de marchés au profit d'entreprises étrangères. « Nous avons failli à notre responsabilité de contrôle, quand je dis nous, je parle des responsables. Que cela serve de leçon aux responsables et aux dirigeants de ce pays. Cette histoire a nui à l'image de l'Algérie. Nous devons être vigilants dans l'avenir et faire dans le préventif pour préserver les biens publics, notre patrimoine national et la valeur des hydrocarbures », a-t-il lancé.