« Les populations touaregs sont assiégées chez elles. Nous restons dans nos maisons sans pouvoir bouger. Personne n'a le droit de sortir à l'extérieur au risque d'aggraver la situation, se blesser ou mourir carrément. Nous sommes comme des prisonniers », nous ont déclaré, hier, des habitants, joints par téléphone. « Les rues sont encore occupées par les jeunes de la tribu arabe qui continuent de brûler les boutiques et d'attaquer les maisons pour commettre des actes de vandalisme », affirment des habitants de la ville, terrifiés par ce qui s'est passé. Ils notent aussi la présence massive des services de sécurité sur place. La population de cette ville, située à l'extrême sud du pays, est encore sous le choc. « Tout a commencé aux environs de quatre heures du matin, lorsque des groupes de la population arabe de la tribu barabiche, venus du Mali, ont attaqué notre village. Les deux groupes se sont affrontés à l'aide de tout ce qu'ils trouvaient sur le chemin, sous une pluie torrentielle, que nous avons attendue avec impatience après une longue sécheresse », racontent-ils. L'affrontement a duré plusieurs heures. « Outre les armes blanches, les gens lançaient leurs véhicules contre ceux du clan adverse. C'est du jamais vu. » Selon nos informations, tout a commencé après l'assassinat d'un jeune Targui âgé de 30 ans, dimanche soir, par un groupe de barabiches, venu du Mali. « Les Touaregs se sont soulevés contre cet assassinat après que la police leur ait remis le corps du défunt. Ils ont demandé que ce groupe cesse ses actes criminels, à travers lesquels il se venge contre les Touaregs après leur défaite contre les groupes de l'Azawad au Mali », affirment nos sources. Le wali d'Adrar, Ahmed Abdelhafidh Saci, avait déclaré que « ce conflit tribal a été provoqué par la tentative d'un individu de voler un magasin, avant que la situation ne dégénère en échauffourées entre les proches du propriétaire du commerce et ceux de la personne impliquée dans la tentative de vol ». Selon la wilaya d'Adrar, le bilan de ces échauffourées s'élève à 6 morts et 30 blessés, dont 6 dans un état grave. Le bilan fait état de « biens incendiés ». 40 personnes impliquées dans ces évènements ont été arrêtées par les forces de sécurité et remis à la justice. « Le respect de la loi et le maintien de l'ordre seront imposés et la justice appliquée », a souligné, à ce propos, Abdelkader Bradai, signalant que le wali d'Adrar est toujours sur les lieux et œuvre à l'apaisement de la situation et au règlement du conflit. Le secrétaire général de la wilaya d'Adrar a formellement démenti tout lien entre ces échauffourées, qu'il a qualifiées de « fitna », et la gestion du dossier des sinistrés des dernières intempéries, dont la prise en charge se poursuit « normalement ». Le wali a tenu, jeudi matin, une autre rencontre de concertation, au siège de la daïra de Bordj Badji Mokhtar, avec les différents acteurs de la société civile locale, afin d'appeler à « la sagesse, faire prévaloir le dialogue et la raison, rejeter la violence et se consacrer au développement de cette région frontalière ».