« Ce sont des terrains appartenant à une grande tribu mozabite, en l'occurrence ‘'At allouane'', que ses descendants ont décidé de récupérer », nous a affirmé, hier, Omar Bakir Kara, député de Ghardaïa. Toujours selon lui, plusieurs familles des autres tribus non mozabites ont profité de l'état de vacance de ces terrains pour construire leurs habitations, sans avoir les autorisations nécessaires. Saisies de cette question, les autorités locales auraient reçu des instructions pour la démolition de ces constructions. « Mais on ne sait pas encore si cette opération sera menée », précise-t-il. Pour les occupants de ces maisons, les terrains ont été abandonnés et n'avaient aucun propriétaire au moment où ils se sont installés alors que les descendants de la tribu estiment que cela relève de leur droit de récupérer les biens de leurs aïeux. « Ce genre de conflit n'est pas propre à la wilaya de Ghardaïa, il peut survenir dans toutes les régions du pays », rassure l'élu. L'information a fait le tour des réseaux sociaux et de toute la population qui s'interrogent sur la motivation de cette décision si ce n'est la provocation et une tentative de déstabiliser la région en créant un nouveau conflit entre les différentes tribus. Ayant eu écho de cette affaire, le conseil des notables ibadites mozabites de la vallée du Mzab a réagi à cette information en rejetant et de manière catégorique la décision de démolition. Dans une lettre adressée au wali et aux autorités locales, dont une copie a été transmise au Premier ministre et au ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, le conseil évoque « des informations rapportées par la presse et circulant dans la rue sur une opération de démolition de constructions illicites » et tient à « apporter quelques éclaircissements si cette information se révèle fondée ». Les notables avancent plusieurs arguments dont « l'absence d'une solution de rechange et de mesures concrètes à ce propos, l'opportunité de la conjoncture sécuritaire d'autant que l'Etat fournit des efforts considérables pour ramener la paix et la sécurité, et la possibilité de saisir cette occasion par des opportunistes ayant d'autres objectifs visant à la déstabilisation de la région ». Les notables relèvent aussi « l'approche de la rentrée sociale et l'absence d'une véritable politique urbanistique qui a laissé place à la non maîtrise des projets d'extension ». Pour eux, « la non distribution des terrains pendant des décennies a poussé les habitants et les jeunes à se débrouiller par divers moyens pour se procurer un toit et qu'il est injuste de briser cette volonté exprimée par les jeunes de la région pour se faire une petite situation sociale stable ». Les notables estiment que la solution idéale consiste à « régulariser la situation de ces habitants en se référant au dialogue et à la sagesse afin de préserver la paix dans la région ». Le conseil va plus loin en « rejetant la responsabilité sur les autorités locales quant aux conséquences de la concrétisation de cette opération ». L'information ayant créé la polémique fait état « d'une décision prise par les autorités de la wilaya de mener une vaste campagne de démolition des constructions bâties sur des terrains appartenant à la tribu « At Allouane » dans la vallée du M'zab, et que les familles concernées ont des documents attestant qu'ils sont propriétaires de ces terrains et que leurs constructions n'ont pas été réalisés de façon illicite ».