Violemment réprimés ces derniers jours, les partisans de l'ex-président égyptien Mohamed Morsi ont essayé, hier, de « manifester par millions », sous le slogan « vendredi des martyrs », dans tout le pays où pour la seule capitale, 28 marches étaient prévues. Mais les forces de l'ordre les attendaient à la sortie des mosquées et sur les grandes places. Il s'agissait pour la coalition islamiste de compter ses troupes pour mieux resserrer ses rangs. Car la mobilisation faiblit. Depuis les assauts qui ont coûté, en huit jours, la vie à près d'un millier de personnes, essentiellement des partisans du Président destitué le 3 juillet dernier, les Frères musulmans ont constamment échoué à mobiliser lors des grandes manifestations. Les principaux animateurs avouent être paralysés en l'absence de consignes « écrites ». Ahmed, un cadre des Frères musulmans à Menoufia, dans le delta du Nil, a expliqué en ce sens : « Nous ne recevons plus les consignes écrites habituelles pour les manifestations depuis que la plupart de nos leaders ont été arrêtés. » Selon lui, les membres de la confrérie, plus circonspects, n'utilisent plus leurs téléphones portables depuis qu'ils ont réalisé qu'ils sont sur écoute. Les plus hauts dirigeants des Frères musulmans, dont le guide suprême Mohamed Badie, et ses deux adjoints, Khairat al-Chater et Rachad Bayoumi, le grand prédicateur, Safwat Hidjazi, sont tous en détention. Ils doivent comparaître à partir de demain devant la justice, notamment pour « incitation au meurtre ». Par ailleurs, l'ancien président Hosni Moubarak, qui a été transféré jeudi de sa prison dans un hôpital militaire, a retrouvé la liberté. Il a été assigné à résidence surveillée, en attendant, lui aussi, la tenue de ses autres procès, dont l'un en appel qui reprendra demain, également pour « complicité de meurtres » de manifestants en 2011. En pleine tourmente, la remise en liberté de Moubarak qui a, néanmoins, aussitôt été assigné à résidence dans un hôpital du Caire, fait des vagues. Elle a été d'abord condamnée par le mouvement des jeunes du 6 Avril, qui a cependant annulé, hier, une manifestation pour éviter « l'effusion de sang ». De son côté, Washington, peu intéressé par le sort de Moubarak, est plutôt soucieuse de « la remise en liberté » de Morsi mais le pouvoir égyptien refuse toute ingérence étrangère, occidentale notamment, dans le dossier de Morsi, détenu au secret, accusé notamment de meurtre et de tortures.