« Mais, bien évidemment, le Kosovo est un précédent pour une situation qui peut paraître similaire », a confié au New York Times un haut responsable de l'Administration américaine. Bien que hésitant à se lancer dans une nouvelle aventure militaire qu'il a condamnée en Irak et en Afghanistan où il a ordonné le retrait des troupes américaines, le président américain a toutefois exigé de « rassembler des informations supplémentaires » prouvant la véracité des accusations portées contre le régime de Bachar al Assad. « Nous voyons des gens qui réclament une action immédiate. Se précipiter pour faire des choses qui tourneraient mal, nous embourber dans des situations très difficiles, peut nous entraîner dans des interventions compliquées et coûteuses qui ne feraient qu'alimenter encore le ressentiment dans la région », a argumenté Obama. Autour de la Maison-Blanche, le conclave regroupant le Pentagone et le département d'Etat est marqué du sceau des « intérêts nationaux » et de « ce qui peut faire avancer nos objectifs en Syrie », a indiqué un responsable du département d'Etat. Sous pression, Obama est ainsi placé face à une « palette d'options », évoquées par le secrétaire d'Etat à la Défense, Chuck Hagel. En dehors de « l'envoi des troupes au sol » et de la « zone d'exclusion aérienne » qui n'ont pas encore été discutés, le Pentagone se prépare aux différents scénarios. Selon un responsable de la défense à Washington, ces moyens militaires comprennent l'envoi en Méditerranée d'un quatrième destroyer équipé de missiles de croisière. La VIe Flotte américaine, responsable de la Méditerranée, a décidé de laisser sur zone l'USS Mahan qui devait initialement retourner à son port d'attache de Norfolk sur la côte est américaine et être remplacé par l'USS Ramage, selon ce responsable. Ces deux navires s'ajouteront donc, dans les semaines à venir, aux destroyers Barry et Gravely. Sous pression, Obama cédera-t-il aux exigences des faucons qui font craindre le risque d'engrenage et d'enlisement et qui ont dissuadé jusque-là la communauté internationale d'intervenir ? « Ce serait aller trop loin que de dire que nous sommes en train d'élaborer une justification légale à une action militaire dans la mesure où le Président n'a pris aucune décision », a confié au New York Times un haut responsable de l'Administration. Le risque de contagion régionale, particulièrement au Liban, en Jordanie, en Arabie Saoudite et en Turquie, est sérieusement appréhendé. A cet effet, les chefs d'état-major de plusieurs pays occidentaux et musulmans, dont ceux des Etats-Unis et d'Arabie Saoudite, doivent se réunir dans les prochains jours en Jordanie, à l'invitation du chef d'état-major jordanien, Mechaâl Mohamed el-Zeben, et du chef du Centcom, le commandement américain chargé de 20 pays du Moyen-Orient et d'Asie centrale, le général Lloyd Austin, a annoncé un responsable du commandement des forces armées jordaniennes cité par l'agence Petra. Vont y participer, le général Dempsey, chef d'état-major interarmées, ainsi que les chefs d'état-major d'Arabie Saoudite, du Qatar, de Turquie, de Grande-Bretagne, de France, d'Allemagne, d'Italie et du Canada. La semaine dernière, le général Dempsey avait discuté à Amman des moyens d'aider l'armée jordanienne, dont la surveillance des frontières, le renseignement et l'entraînement des forces spéciales jordaniennes. Washington a déjà déployé un millier de soldats, des avions F-16 et des missiles Patriot en Jordanie pour renforcer sa sécurité et conduire des missions d'entraînement. Le scénario du pire, rejeté fermement par la Russie et l'Iran opposés à tout recours à la force, se met subrepticement en route, bien au-delà de la mission de manifestation de la vérité revendiquée par des enquêteurs onusiens vraisemblablement conçue pour servir de base de légitimation d'une intervention programmée.